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Après trois mois et demi de débats souvent poignants, la tension est à son comble lorsque les six jurés et trois magistrats professionnels de la cour d’assises du Doubs prennent place devant plus de 200 personnes venues assister à cette dernière audience dans un silence de plomb.
Debout face à la cour, l’accusé de 53 ans, qui n’a cessé de clamer son innocence, semble impassible à l’annonce d’un verdict qui prend la forme d’une effrayante énumération.
Est-il coupable d’avoir empoisonné chacun des 30 patients, âgés de 4 à 89 ans, dont les cas ont été retenus dans ce dossier ? À 30 reprises, la cour répond « oui ». Dès les premières réponses, les deux filles adultes du médecin, en pleurs, quittent la salle.
Sa propre sœur, l’avocate Julie Péchier, est aussi en larmes aux côtés de l’accusé.
Dans l’assistance, Sandra Simard, qui a survécu en janvier 2 017 à un empoisonnement à la clinique Saint-Vincent de Besançon, pleure également en silence. À ses côtés, les autres victimes et leurs proches restent figés.
Justice sans réparation
Puis la présidente Delphine Thibierge annonce la peine : Frédéric Péchier, qui n’a jamais été détenu depuis le début de l’enquête en 2 017, est condamné à la réclusion à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, soit le maximum prévu par le code pénal.
« Vous allez être incarcéré immédiatement », lance la magistrate à l’accusé, qu’encadrent trois policiers armés. Elle lui demande s’il souffre de pathologies, et c’est d’une voix mal assurée qu’il évoque, en quelques mots, ses douleurs chroniques au dos, avant de quitter le tribunal sous escorte policière.
Dehors, les victimes font part aux journalistes de leur « soulagement ».
« C’est enfin une justice pour toutes les familles », résume Olivier Py, dont le père Christian a été empoisonné à la clinique en 2 011 – il a survécu, mais est décédé depuis.
« C’est dur, parce qu’on a cumulé tellement d’émotions dans ce procès depuis toutes ces années ». Ce verdict, « ça ne réparera pas », mais « notre papa (…) a été reconnu victime », ajoute-t-il.
« Merci aux jurés, merci de nous avoir rendu justice », glisse Sandra Simard. Après « tant d’émotion », c’est « un aboutissement » et « la fin d’un cauchemar », commente Amandine Iehlen, dont le père Damien est décédé d’un arrêt cardiaque en 2 008 – il est la première victime dans l’ordre chronologique.
L’affaire Péchier n’en est pas à son épilogue sur le plan judiciaire, les défenseurs du médecin ayant immédiatement annoncé qu’ils feraient appel. Un autre long procès aura donc lieu.
Avec AFP
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