« Trouver le bon médecin pour le bon territoire » : avec Présence médicale 64, une nouvelle mobilisation entre élus locaux et généralistes

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Le département des Pyrénées-Atlantiques et l’ARS 64 ont créé un dispositif innovant pour préserver la démographie médicale. Pensé pour attirer et accueillir les jeunes médecins généralistes, Présence médicale 64 est aussi l’interlocuteur unique des élus et acteurs locaux. Un vrai outil de mobilisation générale.

 

« Trouver le bon médecin pour le bon territoire » : avec Présence médicale 64, une nouvelle mobilisation entre élus locaux et généralistes

Maire de Buros, petite commune au nord de Pau, Thierry Carrère fait partie de ces élus qui ont vécu de plein fouet le manque de médecins et le « parcours du combattant » pour en faire venir. C’est ce qui lui a valu, en tant que Vice-président du Conseil départemental, ainsi qu’à son homologue Charles Pelanne, d’être missionné il y a quelques années par le Président du Département pour travailler la question à une échelle plus vaste. « Nous nous sommes saisis du sujet à bras le corps. Assurer une sécurité et une présence médicale à tous les citoyens est un devoir d’élu au-delà des colorations politiques », estime Thierry Carrère. De cette impulsion naîtra plus tard le collectif Présence médicale 64.

 

Un territoire expérimental dès 2017

Dès l’origine, le dispositif a été porté par des élus. Il n’est donc pas étonnant qu’ils occupent toujours une place centrale. Si Présence médicale 64 a fait de la réponse personnalisée et de l’interlocuteur unique une signature, c’est autant pour les jeunes médecins que pour les élus des territoires. Charles Pelanne, ancien Président d’une Communauté de communes tout au nord-est des Pyrénées-Atlantiques, est bien placé pour en parler. En 2017, quand il a été missionné, son territoire était en alerte : à Garlin, le nombre de généralistes venait de fondre de quatre à un en quelques années. La zone a alors été choisie pour devenir territoire expérimental.

« On avait tout essayé jusque-là, mais nous étions malheureusement pris dans des questions de concurrence entre territoires », confie l’élu. La sollicitation de cabinets spécialisés en recrutement de médecins se soldant par des échecs, le conseiller départemental sentait qu’il fallait remettre les élus et les médecins du coin, ensemble, au cœur du processus. Thierry Carrère et Charles Pelanne ont alors fait table rase des pratiques.

Nous sommes partis à la rencontre des médecins et avons réfléchi à la manière de travailler ensemble

 explique le second.

 

Les élus « ensemble » pour accompagner les médecins

Bernard Peyroulet garde de cette expérience un beau souvenir. « Tous ensemble, nous nous sommes saisis de cette expérimentation pour accompagner les médecins », résume celui qui deviendra, en 2020, le président de la Communauté de communes des Luys-en-Béarn (CCLB), où se situe Garlin. L’expérimentation fut un succès : grâce à elle, Garlin a retrouvé trois nouveaux généralistes, au grand soulagement du Dr Jean-René Brana, dernier rescapé de la génération précédente. « Je me suis retrouvé seul pendant cinq mois, sous pression », raconte ce dernier, installé ici depuis 1990 et tout proche de la retraite. « Il y avait le feu au plancher ».

Présence médicale 64 a émergé comme un tisseur de liens, un dénicheur de solutions et, grâce à un interlocuteur unique, un soutien humain. « Leur équipe a été d’un très grand réconfort moral, confie avec le recul le généraliste. Nous avions enfin l'administration territoriale avec nous, nous étions soutenus et écoutés ». Selon l’élu Bernard Peyroulet, le dispositif

a servi d’effet boost et permis de trouver des solutions, tous ensemble. Elus, médecins de territoire et syndicats d’internes, ARS, CPAM, Conseil de l’Ordre… Présence médicale 64 a réussi le tour de force de coordonner tout le monde autour d’un objectif partagé.

 

A Ger, deux médecins s’en vont

Tout à l’est du département, Ger compte un peu plus de 2000 habitants. La commune et les villages alentours forment « un pôle rural », selon son maire Jean-Michel Patacq. Ici, « la désertification n’est pas la question : notre territoire est bien desservi et gagne des habitants ». Mais le nombre de généralistes s’est brusquement tassé de quatre à deux, au point de devenir un sujet au cœur de la campagne électorale des élections municipales de 2020, qui verront l’arrivée au fauteuil de maire de M. Patacq. Dès lors, ce dernier fait de la recherche de nouveaux médecins une priorité. « L’intérêt général était en jeu, c’était à la fois ma conviction et une demande de mes concitoyens ». Jean-Michel Patacq se retrouve dans le comité de pilotage de Présence médicale 64 et découvre la nouvelle dynamique à l’œuvre.

Comme à Garlin, le dispositif aidera à apporter une réponse sur mesure au territoire. Au cœur de cette « belle histoire », comme l’aime à l’appeler le maire, « Présence médicale 64 a éveillé les consciences et favorisé cette rencontre humaine indispensable. Bien sûr les décideurs et moteurs sont restés les médecins, mais la mise en œuvre et le pilotage, c’était Présence médicale 64 ».

 

« Ils bossaient pour nous dans l’ombre »

En deux ans à peine, le territoire de Ger a tourné la page. Une nouvelle généraliste a posé sa plaque en 2021 et une seconde l’imitera à l’été prochain. Avec Elisabetta Bergianti, le Dr Claire Cadix, 54 ans, fait partie des deux médecins historiques qui se sont battues pour leur territoire. Elles sont parvenues à faire sortir de terre une Maison de Santé Pluriprofessionnelle (MSP) tant espérée, un outil de travail plus moderne et aussi plus en phase avec les pratiques et attentes des jeunes médecins. Présence médicale 64 a joué ensuite un rôle fort pour attirer les nouvelles têtes. « L’équipe a été très active alors que nous n’avions ni la capacité ni l'énergie de le trouver nous-mêmes », concède Claire Cadix.

Le bon médecin pour le bon territoire, loin du mercenariat et des remplaçants éphémères. « Ils ont fait une étude et possédaient une connaissance complète de notre territoire mais aussi de nos profils de médecin, presque de nos caractères, afin de ne pas nous proposer n'importe qui », décrypte la généraliste. « Ils étaient à l’écoute et bossaient pour nous dans l’ombre. Et au final, ils nous ont apporté une réponse sur mesure ».

 

 

Un article écrit avec le soutien et l’éclairage des membres du collectif Présence médicale 64

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