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Établissements de soins débordés, charge de travail lourde, relation à la patientèle parfois délicate… Face à ces réalités qui affectent le quotidien des équipes, des premiers pas ont été franchis. Ainsi, le nombre d’arrêts pour accident du travail continue de diminuer. C’est le résultat, à n’en pas douter, d’investissements sérieux sur la prévention.
Selon le récent Panorama des risques liés aux soins de Relyens, spécialiste en management des risques en Europe, 94% des établissements déclarent avoir investi dans des équipements de protection individuelle et du matériel au cours des cinq dernières années. 85% ont également souligné avoir travaillé sur les aménagements des espaces de travail et 80% avoir déployé des formations à la sécurité auprès des équipes.
La manipulation des patients et la manutention abîment encore les corps
Autre point à noter, concernant la prévention, en dépit des investissements engagés sur la sécurisation de l’environnement de travail : les dommages liés aux chutes et à la manipulation de patients pour les soins de manutention se maintiennent à un niveau élevé. Ils représentent encore plus de la moitié des arrêts de travail. « Les troubles musculosquelettiques, liés aux soins et transferts des patients, restent la première cause d’absence », rappelle Aurélien Seunes, Consultant en management des risques chez Relyens. Cette question restera centrale à l’avenir, avec l’enjeu de l’usure professionnelle.
L’épuisement professionnel : tabou levé et solutions à trouver
Une usure tout sauf anecdotique, pouvant mener à l’épuisement professionnel. Malgré cela, les efforts doivent se maintenir et même se renforcer. Les arrêts maladie de six mois et plus se sont amplifiés de 37% entre 2021 et 2023. Selon le Rapport sur la santé des professionnels de santé paru en octobre 2023 plus d’un soignant sur deux (55%) affirme avoir vécu une ou plusieurs périodes d’épuisement professionnel, plus communément appelé « burn-out ».
« On constate via les chiffres du panorama que travailler sur la détresse psychique des soignants est l’un des enjeux majeurs actuels des établissements de santé, évoque Aurélien Seunes. Cette détresse peut venir d’un problème d’ambiance au travail, d’un manque de reconnaissance ou de sens par exemple, mais aussi de problématiques exogènes au monde du travail. Ces facteurs peuvent à terme peser sur les soignants ».
Cependant, il n’y a aucune fatalité : dans 84 % des cas, les collaborateurs ayant eu un arrêt long pour raison de détresse psychique ont eu des signes avant-coureurs au cours des deux années précédentes. Un tabou qu’il faut lever par la mobilisation, la formation et le soutien de l’encadrement, ainsi que par l’utilisation de solutions permettant de détecter les situations de détresse psychique.
https://ssf3-go.relyens.eu/panorama-2024-rh?mtm_campaign=Panorama&mtm_kwd=RH&mtm_source=WUP&mtm_medium=Article%20LP
Avec Relyens et son partenaire Holicare, les établissements de soins travaillent déjà à détecter ces signes avant-coureurs pour permettre à chaque individu de prendre conscience de sa situation personnelle, et au besoin d’accompagner les plus fragiles. Une nécessité pour éviter le pire. « Nous allons évidemment plus loin avec une approche globale des risques, ajoute Aurélien Seunes. Nous avons identifié quatre pistes d’amélioration, mettant en valeur le rôle nécessaire du management sur le sujet : des espaces de discussions sur le travail, l’analyse des absences au travail pour raison de santé, l’identification des postes à risque d’usure professionnelle et les parcours professionnels en eux-mêmes. »
Quid du droit au répit pour les acteurs du soin ?
Comme le relève l’écrivain britannique Herbert Georges Wells, « Il n'est pas bon, pour un médecin, d'admettre qu'il ne se sent pas bien ». En effet, les professionnels du soin ont longtemps été perçus comme des figures d'autorité sacralisées en matière de santé, ils ont ainsi pris l’habitude de cacher leurs vulnérabilités au détriment de leur bien-être personnel. Cette citation en dit long sur une époque pas si lointaine, mais espérons-le bientôt révolue.