Rennes : Un ex-médecin qui vaccinait au caca jugé

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Un ancien chirurgien urologue âgé de 80 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel de Rennes (Ille-et-Vilaine) lundi 19 mars pour avoir exercé illégalement la médecine. Il était radié de l’Ordre pour charlatanisme, et fabriquait des vaccins à partir de matières fécales. 

Rennes : Un ex-médecin qui vaccinait au caca jugé

«  Mes patients étaient conscients que la médecine française, ce n’est que du fric  ! Chaque année, les médicaments causent 30 000 à 40 000 décès  », a déclaré le prévenu lundi devant le tribunal correctionnel de Rennes, rapporte OuestFrance. Le médecin était jugé pour avoir pratiqué de manière illégale la médecine, de septembre 2011 à décembre 2015.

En 2006 déjà, il avait été définitivement radié de l’Ordre des médecins pour charlatanisme. Mais ce confrère a poursuivi son activité en tant que consultant. « J’ai continué parce que des gens me suppliaient  », a-t-il expliqué. L'homme a donc continué à recevoir ses patients dans le même cabinet, à Rennes : « Les personnes qui venaient me consulter savaient que j’étais radié de l’ordre des médecins ».

La transplantation fécale plus efficace que les antibio ? 

Et à la barre, l'ex-chirurgien s'est défendu de faire de la médecine illégale, en avançant pratiquer une médecine « alternative  ». Selon OuestFrance, le prévenu pratiquait l’autovaccin à base de matières fécales : il prélevait ainsi le caca d’un patient puis le ré-injectait, après traitement par un laboratoire allemand et de nombreuses dilutions.

La transplantation fécale est utilisée pour rééquilibrer le microbiote intestinal humain, et notamment dans le traitement de diarrhées à répétition causées par la bactérie Clostridium difficile. En janvier 2013, une étude parue dans le New England Journal of Medicine a conclu que face à Clostridium difficile, la transplantation fécale est plus efficace que les antibiotiques.

« En révolte contre une certaine pratique de la médecine »

Dans une transplantation, les selles sont données par un tiers. On peut donc s’interroger dans ce cas sur l’intérêt médical de l’autogreffe. « L’autovaccin d’une personne A peut être injecté à une personne B si elles ont la même pathologie ? Cela enlève la dimension d’individualité, j’ai du mal à comprendre », s’est même interrogée la présidente du tribunal... Quoi qu’il en soit, l’ex-médecin est également accusé par l’une de ses patientes de lui avoir injecté une dose de force. « C’est faux, je ne force jamais personne. Si le malade ne comprend pas mes méthodes, je le mets à la porte  », a-t-il démenti.

« Cet homme, qui est en révolte contre une certaine pratique de la médecine, a un seul but : soulager la douleur », a plaidé son avocat Me Éric Schneider. Il est aussi attaqué par une autre patiente et le Conseil départemental de l’Ordre des médecins. Le procureur a requis contre l’octogénaire une amende de 5 000 € et une interdiction professionnelle définitive. Décision le 3 avril prochain.

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