Philippe Froguel candidat à la tête de l’Inserm ?

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Pour la fin des républiques bananières !

Philippe Froguel candidat à la tête de l’Inserm ?

Le diabéto et généticien Philippe Froguel songe à se présenter à la tête de l’Inserm. Il le fera si les conditions d’indépendance de la procédure de nomination sont respectées. Les affaires autour des projets IHU ont visiblement laissé quelques rancunes.

Le Pr Yves Lévy ne sera pas reconduit à la tête de l’Inserm, à l’issue de son mandat qui arrive à  expiration au mois de juin, sur demande de l’Élysée, d’après les informations du Figaro de ce lundi. Qui pour lui succéder ? Philippe Froguel semble être sur le coup. Il a annoncé à l’APMnews qu’il présenterait sa candidature. Mais pas à n’importe quelle condition : seulement si la commission chargée d’examiner les candidatures est « indépendante et sans conflit d’intérêt ».

Conflits sur l'oreiller ?

Pourquoi cette petite précision ? Il faut remonter un peu en arrière. Dès sa nomination au ministère de la Santé au printemps 2017, Agnès Buzyn a pu sentir le souffle chaud des chercheurs les plus médiatiques sur sa nuque. L’objet du délit : ses liens maritaux avec le Pr Yves Levy, déjà en place à la tête de l’Inserm depuis 2014. Pour éviter toute suspicion de conflits d’intérêts, la ministre de la Santé et son Premier ministre avaient décidé de couper court, via un décret qui la déchargeait de tout pouvoir décisionnaire auprès de l’Inserm.

Mais quelques mois plus tard, une décision qu’elle a prise conjointement avec la ministre chargée de la recherche, Frédérique Vidal, venait tout remettre en cause. À huit jours seulement de la clôture des appels à projets de recherche pour les Instituts hospitalo-universitaires (IHU), prévue pour le 10 octobre 2017, les deux ministres ont annoncé son report. Provoquant au passage la colère des chercheurs qui avaient planché des mois sur leurs projets, avec des enjeux à hauteur de plusieurs millions d’euros.

Le président du jury, le Pr Richard Frackowiak, chef du service de neurologie du CHU de Lausanne (Suisse) avait démissionné, et plusieurs chercheurs s’étaient fendus d’attaques virulentes envers le couple Lévy-Buzyn, notamment sur Twitter. Leur thèse : Monsieur aurait demandé à Madame de suspendre l’appel à projets IHU.

Ça ne colle pas avec les IHU

La raison ? La gouvernance de ces projets ne lui conviendrait pas. Les IHU sont structurés en fondations, indépendantes et au fonctionnement souple… sur lesquelles l’Inserm n’a pas de pouvoir décisionnaire direct. Et si le statut est discuté, c’est par la voix d’Yves Lévy que ces critiques se sont souvent exprimées. « Les IHU sont un enjeu d’autorité et de territoire pour Yves Lévy », avait ainsi lâché le Pr Didier Raoult, microbiologiste à l’IHU de Marseille, dans Marianne, au moment de la polémique. Théorie appuyée par un ancien ministre, dans Le Canard Enchaîné.

On en revient alors à Philippe Froguel, qui avait réagi à son tour sur Twitter, dénonçant tout simplement une « république bananière » – sans nommer Yves Lévy pour autant. « Il y a des discussions sur qui décide de la recherche médicale en France et, dans cette affaire, l’Inserm imagine tirer un bénéfice », expliquait-il ensuite dans Pourquoidocteur.

Sus aux conflits d’intérêts !

Une histoire d’influences, donc, qui a sans doute poussé le diabétologue à étudier sa propre candidature, suggérée par son entourage. « Je me réjouis que la rumeur qui courait depuis quelques jours, selon laquelle le PDG de l'Inserm serait reconduit sans appel à candidatures, ne soit pas vérifiée », a-t-il expliqué à l’APMnews. Une requête apparaît comme condition à sa candidature : « Il faut que les représentants désignés par le ministère de la Santé soient remplacés par les représentants choisis par le Premier ministre », a-t-il ajouté.

Côté CV, Philippe Froguel a 60 ans, est professeur de génomique à l’Imperial College London (Royaume-Uni), et directeur de recherche à l’Institut génomique de Lille. Son domaine de recherche : les bases génétiques du diabète et de l’obésité. Il a obtenu le prix Minkowski de diabétologie en 1997.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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