What's up Doc : En quelques mots, comment se présente le dispositif médical déployé pour les JO ?
Pierre Mauger : De manière générale, il y a deux dispositifs distincts sur les sites de compétitions. L’un est à destination stricte des athlètes et regroupe les équipes médicales et secouristes positionnées aux abords du terrain et prêtes à intervenir en cas de besoin. Elles sont reliées au « poste médical athlètes », adjacent au terrain.
D'autre part, on trouve le dispositif dit « spectateur », qui est en réalité destiné à tous les non-athlètes : personnel, spectateurs, presse.
Après, nous avons des spécificités organisationnelles. Les hôtels de la famille olympiques sont également médicalisés, tout comme le village des médias, situé au Bourget, qui comptera environ 12 000 journalistes et tehniciens.
« On a mis en place des programmes de prévention en santé bucco-dentaire et en ophtalmo pour les athlètes qui n'y ont pas forcément accès dans leur pays »
Et cette fameuse polyclinique olympique ?
P.M : C’est la grande spécificité du contrat CIO (Comité international olympique) : 8 000 athlètes seront centralisés au même endroit, d’où la nécessité de leur dédier une structure sanitaire spécifique.
La polyclinique a un statut de centre de santé multidisciplinaire et a été ouverte en partenariat avec l’AP-HP. Un certain nombre des services qu’elle compte auront une très grosse activité.
Premièrement, les soins de confort (strapping, massage de récupération…) : physio, kiné, ostéo… attendent à peu près 300 patients par jour.
Ensuite, le pôle de consultation médicale polyvalente (médecine du sport, cardio, gynéco, psy…) prévoit lui une centaine de patients-athlètes par jour. Elle concerne les blessures liées à la pratique sportive. Pour tout ce qui est de l'ordre des désagréments plus classiques (maux de tête ou de ventre), les athlètes devront se tourner vers le service de soins non programmés.
Toute cette partie représente environ 500 patients par jour. À côté de cela, nous avons mis en place des programmes de prévention, notamment en santé bucco-dentaire et en ophtalmologie, pour les athlètes qui n’y ont pas forcément accès dans leur pays.
Enfin, la polyclinique comporte un service d’imagerie avec trois échographies et un centre de radiologie. On y trouvera enfin une pharmacie, qui servira non seulement à fournir la polyclinique, mais aussi à délivrer des médicaments aux médecins des délégations qui prescrivent pour leurs athlètes.
« Des consultations psys seront proposées aux athlètes, de manière à prévenir les décompensations et les potentielles situations de harcèlement »
Comment aborder la santé mentale, question importante dans le sport de haut niveau ?
P.M : C’est un gros programme de prévention piloté par le CIO. Il y a quand même plusieurs antécédents historiques sur ces thématiques-là, que ce soit Marie-José Perrec à Sydney (2000) ou la gymnaste Simone Biles lors des derniers jeux de Tokyo.
En fait, les décompensations d’ordre relationnel ou personnel ont potentiellement plus de chances de survenir en compétition, plutôt qu’à l’entrainement. Et la santé mentale concerne également les relations athlètes-coachs, qui peuvent parfois aboutir à des situations de harcèlement, par exemple. Pour les athlètes, on proposera des consultations psys de manière à prévenir ces situations. Il est très important de garder cette porte ouverte, et les athlètes savent en général très bien la trouver.
Les médecins déployés sont-ils salariés ou bénévoles ?
P.M : Nous avons les deux. L’encadrement est salarié, là où la partie soignante « réelle » est bénévole. Cette dernière a été recrutée via le programme volontaire. On compte pas moins de 45 000 volontaires aux JO, dont plus de 3 000 professionnels de santé.
Les affectations des médecins et soignants sont d'ailleurs en cours sur les différents sites, et certains ont déjà reçu leur fiche de mission.
En revanche, il y aura des médecins salariés « Paris 2024 » présents sur chacun des sites de compétition; avec à chaque fois un médecin du sport dédié à la coordination du terrain, en lien avec les médecins des différentes délégations.
« Dans certaines spécialités, comme en médecine d'urgence nous sommes toujours en manque d'effectifs »
Un médecin volontaire qui postule peut donc se faire recaler ?
P.M : Dans certaines catégories, on a eu plus de candidats que de places disponibles. On a donc dû trouver des critères secondaires pour sélectionner les candidats, comme les langues parlées. Il est difficile d’affecter un soignant au contact d’athlètes du monde entier s’il ne parle pas du tout anglais. De la même manière, les profils polyglottes ou qui parlent des langues moins répandues sont très recherchés.
Cependant, dans certaines spécialités, nous sommes encore en manque d’effectifs. C’est surtout le cas de la médecine d’urgence, pour laquelle il nous manquerait de 20 à 100 praticiens, selon les jours qu’ils pourraient consacrer. On les invite grandement à se manifester à l’adresse suivante : medvolontaire@paris2024.org
Le dispositif médical Paris 2024 en quelques chiffres :3 000 professionnels de santé volontaires 700 patients-athlètes par jour à la polyclinique olympique 3 hôpitaux référents pour les différentes populations |