Morgan Caillault, président de l’Isnar-IMG : « Une augmentation de 300 € pour les internes »

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Tombé dans la marmite syndicale très jeune, Morgan Caillault a pris la présidence de l’Isnar-IMG le 14 juin, à 27 ans, après seulement neuf mois au sein de la structure. Revalorisation du salaire de base et des gardes, primes pour tous, respect du temps de travail, il veille sur tous les fronts. Et si les négociations ne débouchent pas rapidement sur du concret au Ségur, il mobilisera ses troupes.

Morgan Caillault, président de l’Isnar-IMG : « Une augmentation de 300 € pour les internes »

WUD. Quelles sont vos priorités à la tête de l’ISNAR, en cette période post-Covid ?

Morgan Caillault. La défense des droits des internes sous toutes ses formes. Dans ce contexte très particulier, l’accent est mis sur la revalorisation des salaires des internes, qui ont été fortement mobilisés au front, même en ambulatoire. Depuis 2010, ils n’ont eu aucune revalorisation de leur salaire de base. Là-dessus, tous les syndicats d’internes confondus sont d’accord pour demander une hausse de 300€ bruts mensuels. Nous attendons aussi une majoration des gardes et une rémunération des demi-gardes, qui n’est en place actuellement que pour le samedi après-midi, alors que ces gardes sont demandées aux internes de façon illégale. Une garde faisant jusqu’à 130€, ces demi-gardes doivent être rémunérées 65€.

WUD. Avez-vous bon espoir dans le cadre du Ségur de la Santé ?

M. C. On nous a promis des revalorisations. Mais nous sommes toujours en attente de chiffres et de dates précis. Nous espérons des propositions très rapidement, afin d’en discuter avec nos internes. Si celles-ci ne nous conviennent pas, nous ferons des contre-propositions.
 

WUD. Et sur le temps de travail ? Qu’en est-il des sanctions en cas de non-respect ?

M. C. C’est l’un des dossiers que nous portons au Ségur. Nous n’avons rien de précis à ce jour concernant des sanctions financières pour les établissements qui ne respectent pas le temps de travail légal des internes. Mais les sanctions peuvent toucher aussi aux agréments de terrains de stage. Faciliter la suppression d’un agrément permettrait d’avoir un levier d’action sur les établissements qui récidivent dans ce non-respect, ce que nous n’avons pas aujourd’hui.  

Tous les syndicats d’internes confondus sont d’accord pour demander une hausse de 300€ bruts mensuels

WUD. Est-ce que les primes sont actées pour tous les internes ?

M. C. Les internes en ambulatoire, qui ne devaient pas en bénéficier au départ, y auront accès, mais sous certaines conditions. Il était exigé de l’interne de prouver qu’il était bien sur son terrain de stage en mars-avril dernier, au plus fort de l’épidémie de Covid. Nous avons bien rappelé que ce n’était pas à l’interne de le prouver mais à l’établissement ou au maître de stage ! Des attestations sur l’honneur devraient donc suffire. Mais nous surveillons l’application. Si certains ne touchent pas la prime début juillet comme prévu, nous ferons remonter les dossiers.

WUD. Quelle est la position de l’ISNAR sur une 4e année de DES de médecine générale ?

M. C. Pour le moment notre DES en trois ans ne réunit pas toutes les qualités de formation requises. Nous considérons qu’il est trop tôt pour envisager une formation en quatre ans car nous n’avons pas assez de maîtres de stage des universités. Certes, ils sont plus nombreux en formation qu’avant mais il faut attendre qu’ils aient au moins trois ans d’expérience et un an de pratique avant de recevoir un interne. Nous souhaiterions que cette 4e année intègre le statut de docteur junior qui est en place dans les autres spécialités et soit basée sur le projet professionnel de l’interne. Par ailleurs, nous portons à l’Isnar le projet d’une FST de médecine polyvalente, souvent réclamée par nos internes. Et nous souhaitons le retour d’un stage libre, car notre maquette est très rigide actuellement. Cela serait possible en couplant les stages gynéco et pédiatrie. Et cela permettrait de développer l’exercice mixte.  

WUD. Quels sont les freins actuels au développement de l’exercice mixte, pourtant plébiscité par les jeunes médecins ?

M. C. Le gouvernement propose aujourd’hui d’ouvrir cet exercice mixte à 400 médecins mais nous n’avons aucune visibilité sur la mise en application concrète de cette proposition. Nous souhaitons être inclus dans ces discussions. Il faut notamment clarifier ce qu’est l’exercice mixte : certains, au Ségur, considèrent que c’est une journée par ci par-là, ce qui risque de détruire le fonctionnement des services. Nous pensons que cela peut consister à travailler deux semaines en continu en milieu hospitalier.

WUD. Il y avait peu d’internes dans la rue lors de la manifestation du 16 juin. Pourquoi ?

M. C. Nous sommes actuellement en cours de négociations dans le cadre du Ségur. Nos administrateurs nous ont bien dit que tant qu’il y avait des discussions, il n’y avait pas de mobilisation prévue. Nous attendons un premier rapport début juillet pour voir ce qui est acté par nos ministères de tutelle (Santé et Enseignement). Si nos revendications n’aboutissent pas, nous pourrions nous mobiliser.

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