Je sais tout mais je dirai rien

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Ciné week-end : Monsieur je-sais-tout, de S. Archinard et F. Prévôt-Leygonie (sortie le 9 mai 2018)

Je sais tout mais je dirai rien

Alors qu'il est sur le point de signer un gros contrat pour entraîner une équipe de foot à l'étranger, Vincent Bartheau, ancien pro, doit s'occuper de son neveu, dont il ignorait jusqu'alors l'existence. Il se rend vite compte que le jeune Léo, malgré ses stéréotypies et ses comportements ritualisés, est un être plein de surprises... Un film attachant et juste qui doit beaucoup à ses deux interprètes.

Quand une patiente concernée au premier plan vous recommande un film en vous confiant qu'elle a trouvé que la façon d'aborder la problématique, en l'occurence le difficile accompagnement des enfants autistes, était à la fois juste et particulièrement touchante, vous vous dites que c'est encore la meilleure illustration de la réussite de celui-ci. L'ambition des réalisateurs était probablement de sensibiliser un large public au syndrome d'Asperger. Ils y réussissent au moyen d'un scénario qui, s‘il n'évite pas toujours les bons sentiments, au risque parfois d'atténuer l'aspect dramatique de la situation des autistes en France, reste constamment à hauteur d'homme. Et touche au coeur.

Car Monsieur Je-sais-tout est avant tout l'histoire d'une rencontre. Celle d'un homme qui a coupé les ponts avec sa famille et d'un ado qui va réussir à le réconcilier avec celle-ci et surtout avec lui-même. Pourtant, entre un homme farouchement attaché à son indépendance et un autiste en insécurité dès que la composition de son petit-déjeuner est bouleversée, cela n'allait pas de soi ! Les acteurs renforcent l'attachement que l'on éprouve pour ces deux âmes solitaires qui s'apprivoisent pour ne plus se quitter. Arnaud Ducret nous rappelle Jean Dujardin quand il ne savait pas qu'il était Jean Dujardin. Quant au jeune Max Baissette de Malglaive, il confère au personnage de Léo un magnétisme qui le rend encore plus insondable. 

La dernière partie du film est sans doute la plus émouvante, et nous permet de ne pas oublier la grande responsabilité de nombre de psychiatres qui, de par leurs errances théoriques et institutionnelles, rendent plus difficile encore le parcours du combattant auquel sont confrontés les sujets atteints d'autisme. Quel symbole terrible que cette profession qui, promouvant une thérapie basée sur la parole, la confisque à un enfant qui a la chance d'y avoir accès quand tant de ses semblables en sont dépourvus...

Source:

Guillaume de la Chapelle

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