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Une patiente lyonnaise et l’équipe de pneumo qui la prend en charge viennent de publier « De l’air », une BD dont le personnage principal est… le cancer du poumon. Un sujet grave traité tout en finesse.
La relation patient-soignant peut avoir des avatars étonnants. Celle qui s’est nouée entre Elisabeth Coureault et l’équipe du service de pneumologie de Lyon-Sud où elle est suivie a donné naissance à… une BD*.
« J’ai découvert que j’avais un cancer du poumon au printemps 2014 », raconte Elisabeth. « J’ai alors commencé à vivre ce qu’on vit quand on a ce type de maladie : j’ai notamment entendu des choses que les gens disaient avec bienveillance, mais qui me mettaient dans une colère folle ».
Elisabeth en parle à Séverine Torrecillas, psychologue à l’hôpital, et lui explique son envie d’extérioriser ce qu’elle ressent dans une BD. L’idée fait son chemin, et quelques mois plus tard, elle prend forme. « L’équipe en avait discuté, c’était un projet qui leur trottait dans la tête depuis un moment, et ils m’ont dit qu’ils voulaient le faire avec moi », se souvient Elisabeth.
« Un beau travail d’équipe »
Se monte alors une petite troupe où chacun joue son rôle : Elisabeth et Séverine s’associent à Charlotte Rentler, art-thérapeute dans l’hôpital, pour écrire le scénario. Les dessins sont réalisés par huit élèves d’une école de dessin lyonnaise. Le Dr Sébastien Couraud, qui suit Elisabeth, se charge quant à lui de la recherche de sponsors. « C’est un beau travail d’équipe », résume la patiente.
Le résultat est une BD où quatre personnes atteintes de cancer du poumon s’échangent des anecdotes dans une salle d’attente à l’hôpital. Certaines sont issues du parcours d’Elisabeth, et d’autres ont été apportées l’équipe. « J’ai la chance de ne pas avoir vécu toutes les expériences qui sont dans la BD, beaucoup de patients ont participé sans le savoir », sourit l’auteure principale.
Au fil des pages, les quatre protagonistes évoquent les traitements, les remarques des proches, les maladresses des soignants qui ont parfois tendance à insister lourdement sur la question du tabac… Le ton n’est pas larmoyant, bien au contraire. « On a pris le parti de mettre de l’humour : le sujet n’est déjà pas très drôle, ce n’est pas la peine d’en rajouter », raconte Elisabeth.
« C’est très pédagogique de se rendre compte de l’image que l’on peut renvoyer »
L’ouvrage a un grand mérite : il présente le quotidien de patients atteints par une pathologie dont on parle, paradoxalement, assez peu. « On a un souci dans le cancer du poumon, c’est qu’on n’a pas d’association de patients », explique Sébastien Couraud. « C’est le premier tueur en France, et c’est le moins médiatisé ». La raison ? « Principalement le sentiment de culpabilité lié au tabac », estime-t-il.
La BD a beaucoup aidé Elisabeth. « Il y a vraiment un avant et un après », indique-t-elle. Mais cela a aussi été un travail instructif pour son médecin. « Ce qui est intéressant, c’est le regard que les patients portent sur nous : c’est très pédagogique de se rendre compte de l’image que l’on peut renvoyer », remarque Sébastien. « Il y a notamment une double page qui parle du bon et du mauvais médecin. Je crois qu’en fonction des moments, on peut être l’un ou l’autre ».
Une belle leçon, à méditer.
* De l’air, éditions Ellipses, 12,5 €
Source:
Adrien Renaud