ANEMF : Clara Bonnavion, présidente du bien-être

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Les étudiants doivent transpirer... euh kiffer

ANEMF : Clara Bonnavion, présidente du bien-être

Clara Bonnavion, ce nom ne vous dit sans doute rien, pourtant, vous allez très vite en entendre parler durant vos études médicales. Cette Stéphanoise de 21 ans a été élue hier après-midi à la présidence de l'Association Nationale des Étudiants en Médecine de France (Anemf). Et s'il vous plaît, à la quasi-unanimité des suffrages. Mais les réjouissances seront de courte durée, car l'étudiante en 4e année a du pain sur la planche. What's up Doc l'a interrogée sur son projet pour les carabins. Extraits choisis.

What's up Doc. Bonjour Clara, début d'interview très originale, quel est votre parcours ?

Clara Bonnavion. J'ai 21 ans, j'habite à Saint-Étienne et j'ai étudié à la faculté de médecine Jacques Lisfranc. Je viens de valider ma 3e année. Je fais aussi un double cursus de recherche et j'ai obtenu mon M1 en ingénierie de la santé. 

WUD. Côté familial, vous êtes issue d'une lignée de médecins ?

CB. Non, je ne suis pas du tout dans le milieu médical autour de moi. Mais j'ai toujours voulu faire médecine. Sans doute car j'avais envie d'aider les autres en veillant à leur bien-être. C'est très Bisounours ce que je suis en train de dire mais j'assume ! Cela se traduit aussi par mon engagement à l'Anemf. Si je fais de l'associatif, c'est avant tout pour tenter d'aider les étudiants et les futurs étudiants. Vous savez, il y a beaucoup de choses que l'on peut changer en s'engageant ! 

WUD. Service sanitaire, fin des ECNi... votre prédécesseur (Yanis Mérad) n'a pas chômé. Que retenez-vous de son bilan ?

CB. Je retiens vraiment la réussite de la réforme du deuxième cycle. C'est une transformation qui va être globale sur nos études. C'était nécessaire car le système actuel est dénué de sens et très déshumanisé. Au-delà de nous faire gagner en termes de pédagogie et de formation, on va gagner aussi sur le côté du bien-être des étudiants en médecine. On a vu que c'était un très gros problème dans notre filière. Je pense que cette évolution constitue une victoire majeure dont Yanis peut se féliciter. 

WUD. Et vous, quels sont vos objectifs ?

CB. Justement la mise en place de cette réforme du deuxième cycle. On a l'accord des ministres mais après il va falloir voir comment cette mise en place se fait. Les collèges devront se mobiliser, et être pro-actif, pour réussir à transformer le nécessaire. Mais il y a aussi sûrement une réforme du premier cycle qui se profile. Il faudra voir quels sont les objectifs du Gouvernement, et quels sont les objectifs de nos étudiants sur cette réforme. Il est sûr que la Paces est un système qui est tout aussi traumatisant (que les ECNi) pour les étudiants. C'est un gâchis humain donc c'est aussi à réformer. 

WUD. Votre leitmotiv est le bien-être, quid du statut de l'externe, pas vraiment tourné en ce sens ?

CB. On aimerait également le modifier. Cela rentre aussi dans le bien-être que l'on a défini comme grande cause 2018 à l'Anemf. Et une part du mal-être des étudiants en médecine vient de ce statut bâtard. Nous avons notamment une formation en stages dans laquelle nous ne sommes pas assez encadrés. On manque réellement d'outils pour se former, nos missions sont mal définies, et on a besoin d'une revalorisation salariale. Je confirme, la question du bien-être va irriguer tout notre mandat. C'est un axe directeur qui interviendra dans toutes nos revendications. 

WUD. Vous êtes l'une des rares femmes à diriger l'Anemf. La lutte contre les discriminations liées au sexe sera-t-elle une de vos priorités ?

CB. Je ne suis pas la première femme à la tête de l'Anemf. Mais il me semble que cela ne s'était pas produit depuis plus de dix ans. Dans la cause bien-être, j'intègre bien sûr la question des discriminations que l'on peut trouver dans le soin. En revanche, nous ne focaliserons pas seulement sur le sexisme et les discriminations hommes-femmes. Je veux aussi que nous y incorporions celles ethniques et sur les LGBT, également présentes en milieu médical. J'ai des personnes dans mon bureau qui porteront ces revendications. 

WUD. Que pensez-vous d'Agnès Buzyn, votre ministre de tutelle ?

Clara Bonnavion. On est très contents qu'elle veuille bien porter la réforme du deuxième cycle. Je pense que c'est quelqu'un qui, comme elle est médecin, comprend davantage ce qu'on vit. À mon avis, on peut trouver une oreille attentive chez cette ministre, même s'il faudra être vigilant à ce que les choses se passent pour le bien-être des étudiants en médecine.
Sur la réforme du deuxième cycle par exemple, il faut vraiment qu'on ne reparte pas dans un système qui crée des risques psychosociaux. Il faut un projet qui améliore la formation, en incitant les jeunes à réfléchir à leur avenir professionnel. À la fin de la 6e année, nous en avons encore qui ne savent pas ce qu'ils veulent faire... Cela signifie qu'il y a une perte de sens dans nos études. Enfin, une ligne rouge serait d'annoncer aux étudiants que l'évaluation sera de telle façon alors qu'on avait prévu autre chose.  

WUD. Vous vous destinez à quel type d'exercice, quelle spécialité ?

CB. Je ne sais pas encore. On arrive en médecine avec plein d'idées. Ensuite on fait quelques stages, puis on n'a plus d'idée. Donc j'attends de faire d'autres stages pour savoir. Mais j'ai plutôt une préférence pour l'exercice hospitalier. Et sans doute en lien avec la pédiatrie. 

WUD. Enfin, on est obligés de vous la poser, vous allez regarder France-Belgique demain ? Un pronostic ?

CB. Oui, je pense que je vais le regarder (rires). À mon avis la France va gagner. J'espère en tout cas. Mon pronostic est que la différence de buts va être très courte. Rendez-vous mercredi pour en parler ! 

Source:

Bruno Martrette-Gomez

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