Redonner du sens aux parcours
Dans le maillage dense des bâtiments de l’hôpital Saint-Joseph, la circulation relevait autrefois du casse-tête. Fruit d’un siècle d’extensions successives, l’hôpital formait un ensemble foisonnant mais difficile à lire, aussi bien pour les équipes que pour les patients. « Nous avons découvert un site d’une richesse incroyable, mais dont les flux s’étaient peu à peu complexifiés » explique Delphine Beji « L’objectif était clair : retrouver une logique de parcours, une cohérence d’ensemble, sans renier l’histoire du lieu. »
Le schéma directeur lancé en 2018 a posé les fondations d’une transformation en profondeur : rationaliser les circulations, créer des entrées identifiées et regrouper les activités dispersées. « Saint-Joseph est un hôpital au cœur de la ville, dans un tissu urbain très dense. Il fallait à la fois simplifier les flux et maintenir ce lien fort avec le quartier, qui fait partie de notre identité.» précise Sophie Dostert. « L’idée n’était pas de tout reconstruire, mais de remettre du sens et de la lisibilité dans un ensemble qui avait grandi par strates » complète Delphine Beji.
Cette approche s’est traduite par deux réalisations majeures : au nord du site, le regroupement des différents secteurs d’imagerie (scanners, IRM, radiologie), et au sud, une extension dédiée aux consultations et aux nouveaux blocs opératoires, le tout en connexion avec les services existants.
Les chantiers se poursuivent mais les premiers résultats sont déjà là. Les parcours sont simplifiés, les patients mieux orientés, et les équipes, plus sereines.
Lumière, matière, repères : le soin passe aussi par l’espace
Pour Delphine Beji, cet hôpital au cœur de la ville n’est plus seulement un lieu de soins : il devient un lieu de vie. Elle explique : « Les nouvelles façades en brique de terre cuite, sobres et pérennes, s’intègrent harmonieusement dans le paysage marseillais. À l’intérieur, la lumière naturelle, le bois et quelques touches de couleur remplacent les codes hospitaliers traditionnels. Il y aussi des fresques artistiques inspirées de Marseille qui ponctuent les halls d’entrée tout en jouant un rôle de signalétique. Nous avons voulu créer une atmosphère qui apaise, qui aide à s’orienter sans stress »
Sophie Dostert acquiesce : « Cette attention portée à la lumière et à la matérialité change profondément la perception des lieux. Les patients nous disent qu’ils se sentent plus détendus, même dans des espaces très techniques comme l’imagerie. C’est la preuve qu’un cadre apaisé favorise aussi une expérience de soin plus sereine. »
« Concevoir un hôpital, c’est concevoir des parcours humains » conclut Delphine Beji, Quand l’espace devient clair, que la lumière guide, que la nature s’invite, le soin respire enfin. »
Prendre soins des soignants
Dès les premières phases de conception, le bien-être des professionnels a été intégré au projet. Delphine Beji raconte : « Les soignants ont participé aux ateliers de travail et ont exprimé un besoin fort : disposer d’espaces de respiration. C’est de là qu’est née l’idée des lieux refuges : des terrasses végétalisées accessibles, où le personnel peut se ressourcer et échanger. »
« Ces aménagements, pensés à la sortie du Covid, répondent à un besoin concret du quotidien. Ce sont de vrais espaces de pause, ouverts sur le ciel, qui participent à l’équilibre de nos équipes. Dans un hôpital aussi dense, offrir de la lumière et de la nature, c’est presque un acte de soin en soi. » confirme Sophie Dostert.
Construire ensemble, pour durer
Au-delà du bâtiment, le projet Saint-Joseph illustre une volonté de s’ancrer dans le temps. « La crise du covid 19 a fait émerger de nouvelles contraintes, notamment celle de différencier les circuits de circulation » explique Sophie Dostert. « Il a fallu repenser les accès et les zones de passage, pour pouvoir limiter les croisements entre patients, visiteurs et professionnels si une nouvelle crise venait à survenir. Cela a profondément influencé la conception des bâtiments. »
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/diaporama/soigner-par-larchitecture-lhopital-de-meaux-se-reinvente
En parallèle une coopération exemplaire entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre. « Ce type de transformation ne peut réussir que dans un dialogue constant. Nous avons formé une véritable équipe avec les directions et les soignants, pour traduire leurs besoins dans l’espace » insiste Delphine Beji.
Même constat du côté de l’hôpital : « Il y a eu des moments de tension, forcément, mais toujours dans un esprit constructif. Ce qui a compté, c’est cette volonté commune de trouver des solutions et de garder le cap. » conclut Sophie Dostert.
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