À travers les regards croisés de Marianne Perreau Saussine, porteuse du projet pour l’ICE, et Simon Tsouderos, architecte AIA Life Designers, se dessine une conviction commune : l’espace influence directement la qualité du parcours patient et rend cette cohabitation possible.
Un choix architectural qui devient solution médicale
Simon Tsouderos explique “Le bâtiment présente deux visages, volontairement très différents, et ce choix n’est pas qu’esthétique : il est profondément lié à l’accueil des enfants et à la réalité sonore du site. Côté périphérique, l’architecture s’épaissit, se referme et forme une coque protectrice capable d’absorber et de casser les fortes nuisances sonores du trafic. Cette façade agit comme un véritable bouclier acoustique, indispensable pour préserver les enfants les plus sensibles. À l’inverse, la façade tournée vers le CHU s’ouvre largement, habillée de bois, de lumière et de transparence. Elle crée une première impression douce, chaleureuse et rassurante.”
Une fois à l’intérieur, cette logique de fluidité se poursuit. L’idée a été de créer un parcours d’entrée composé de plusieurs étapes douces : une cour anglaise végétalisée, une galerie ponctuée de grandes silhouettes d’animaux, puis la halle bioclimatique correspondant à un immense jardin d’hiver. « La galerie des animaux, ce sont de grandes macroformes, qui interpellent les enfants et stimulent leur imaginaire. On voulait que le passage dans le bâtiment soit déjà un moment de préparation émotionnelle. Dans la halle, l’atmosphère change encore. On a voulu une ambiance naturelle, une lumière douce, une ventilation qui passe par le végétal. C’est un espace qui n’a rien d’un lieu hospitalier traditionnel » détaille Simon Tsouderos
Pour Marianne Perreau Saussine ces parcours sont indispensables : « Il fallait absolument tenir compte des spécificités de ces enfants, surtout ceux qui ont des troubles sensoriels. Certains ne supportent pas les contrastes acoustiques ou visuels, et il faut un environnement qui les accueille sans jamais les agresser. Nous voulions vraiment un espace qui apaise autant les enfants que leurs accompagnants, souvent eux aussi très anxieux. »
Par ailleurs, toutes les consultations, ORL, ophtalmologie, neuropédiatrie, pédopsychiatrie, seront regroupées sur un même plateau. « Les enfants n’auront pas à traverser tout l’hôpital pour aller faire les différents examens » précise Marianne Perreau Saussine.
Des espaces qui comprennent l’enfant et soutiennent les soignants
À l’intérieur, l’enjeu était d’accueillir des profils très différents sans jamais brusquer.
Marianne Perreau Saussine résume cette exigence : « Ce bâtiment doit être un lieu pour tous les enfants. Il fallait un environnement neutre, sans contraste trop fort, et que les équipes puissent ensuite s’approprier en fonction des besoins des enfants »
Simon Tsouderos confirme « Pour l’architecture intérieure des services, l’équipe de l’ICE voulait laisser une page blanche. Les espaces ne sont pas décorés volontairement, ils sont là pour être modulés, adaptés, testés avec les enfants »
Même les espaces extérieurs deviennent thérapeutiques.
Simon Tsouderos explique : « Ajouter ces espaces avait du sens, ce sont des lieux d’apaisement, mais aussi des outils d’observation. On peut y voir un enfant se déplacer, jouer, explorer, interagir avec la nature… et ça donne des informations que la salle de consultation ne donne pas. »
« Les jardins permettent d’observer les enfants en situation naturelle. Pour certains diagnostics, c’est très précieux » précise Marianne Perreau Saussine
Le bâtiment ne se contente pas d’accueillir des consultations : il sera un écosystème de travail. « Le lieu doit aussi être agréable et attractif pour les soignants et les chercheurs. Nous avions vraiment la volonté de créer un environnement où chacun puisse travailler, se croiser, respirer, échanger. Les équipes de recherche, de soin et d’innovation doivent pouvoir se rencontrer facilement, sans formalisme, dans des espaces qui encouragent la circulation des idées. » souligne Marianne Perreau Saussine.
Simon Tsouderos détaille la réponse d’AIA : « On a créé des terrasses, des circulations extérieures, des espaces où la rencontre se fait naturellement. Ces lieux intermédiaires permettent d’entretenir un lien quotidien entre disciplines, d’impulser des collaborations spontanées, et de nourrir l’effervescence scientifique qui fait la force du projet. Ce bâtiment nourrit les relations autant que le soin. »
Rechercher un classement
Emplois
Vous aimerez aussi
L'hôpital Saint-Joseph à Marseille : « Concevoir un hôpital, c’est concevoir des parcours humains »
Un décès sur cinq, liés aux maladies cardiaques, évitable grâce à un environnement plus sain
Allié de Trump, le procureur du Texas attaque les fabricants du Tylenol qu’il accuse (sans preuve) de provoquer l’autisme