Un hôpital recomposé, cohérent et durable
Le site de Meaux, plus grand hôpital non-CHU de France, a choisi un modèle hybride : un bâtiment neuf de 35 000 m², la réhabilitation d’un pavillon des années 1960 et l’intégration d’une maternité récente. Reliés par des passerelles, ces trois ensembles redessinent un hôpital moderne, fonctionnel et économe en ressources. « Ce parti pris évite de tout raser pour reconstruire, rappelle Jérôme Goeminne. C’est plus économique, plus rapide et surtout plus écologique. » « La réhabilitation d’un ancien pavillon, plutôt que sa démolition, témoigne en effet d’un engagement durable : garder la structure béton permet d’économiser des tonnes de déchets et des décennies de carbone » acquiesce Nicolas Boucher.
Cette stratégie permet aussi de spécialiser les flux : urgences et hospitalisation complète dans un bâtiment, consultations et ambulatoire dans un autre, femmes et enfants dans le troisième. « L’idée était de créer un ensemble cohérent où l’on circule mieux et où les parcours sont plus clairs » précise Nicolas Boucher.
Conçu pendant la crise sanitaire, l’hôpital a aussi intégré des scénarios de résilience. « Nous avons imaginé comment le bâtiment pouvait s’adapter en cas d’épidémie : parcours différenciés, salles convertibles en cellules de crise, flux séparés… C’est innovant et cela change tout dans le contexte actuel » ajoute l’architecte.
Lumière et nature comme premiers soins
À Meaux, le soin commence avant même la première consultation. Dès l’entrée, patients, visiteurs et soignants traversent un parvis ouvert sur la ville, prolongé par un jardin paysager et de larges patios végétalisés. Partout, la lumière circule et accompagne les déplacements. « Voir un arbre, sentir les saisons, c’est déjà un soin » explique Nicolas Boucher. Dans les couloirs comme dans les chambres, cette présence de la nature contribue à réduire l’anxiété et à transformer l’image de l’hôpital. Les soignants, eux aussi, s’en saisissent : marcher quelques minutes dehors ou travailler dans un service baigné de lumière change le quotidien. « Ce qui revient toujours dans les retours du personnel, c’est la clarté du bâtiment. Il est lumineux, agréable à vivre et fonctionnel » souligne Jérôme Goeminne.
Innover pour les patients, penser les meilleures conditions de travail pour les soignants
Dans chaque service, les équipes ont choisi leurs propres palettes de couleurs. Couloirs, portes, signalétique : autant de détails qui contribuent à créer une atmosphère différente d’un service à l’autre. « L’idée était de donner aux soignants des espaces qui leur ressemblent, où ils se sentent bien pour mieux prendre soin » précise Jérôme Goeminne. Ce travail sur les ambiances participe à rompre avec l’image froide et impersonnelle de l’hôpital et permet aux équipes comme aux patients de s’approprier les lieux.
Mais l’innovation ne se limite pas à la décoration. Elle s’incarne aussi dans de nouveaux usages. Aux urgences, les patients peuvent s’installer sous des “douches sonores” qui diffusent des ambiances relaxantes – pluie, forêt, musique douce – pour rendre l’attente moins anxiogène. « C’est un dispositif simple, presque ludique, mais il change l’expérience des patients. Attendre dans un environnement apaisant plutôt que dans le bruit et la tension, cela fait déjà partie du soin. » expose Nicolas Boucher.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/diaporama/chu-dangers-un-projet-architectural-au-service-des-soins
Le confort des soignants n’est pas oublié. Les postes de soins, placés au centre des unités, facilitent le travail collectif et renforcent la proximité avec les patients. Les salles d’attente, quant à elles, sont toujours baignées de lumière naturelle, afin d’éviter l’impression d’enfermement souvent ressentie dans les hôpitaux. Même le parvis extérieur a été conçu comme un espace de respiration : on peut s’y asseoir, marcher ou échanger, loin du tumulte des parkings classiques. Autant d’innovations qui traduisent une même conviction : la qualité du soin dépend aussi de la qualité des lieux.
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