Une vision stratégique pour un hôpital ouvert et lisible
Pour Cécile Jaglin, le projet va bien au-delà d’une simple reconstruction. Implanté sur 45 hectares de parc, l’établissement bénéficie d’un cadre exceptionnel, mais ses bâtiments pavillonnaires, construits au fil des décennies et de financements successifs, avaient fini par rendre les déplacements complexes et parfois illisibles. "Convergences" vise donc à reconnecter le site à son environnement, à ouvrir l’hôpital sur la ville et à replacer le parcours patient au cœur de la réflexion. « Nous voulions repenser le fonctionnement global du CHU, dans une logique de simplification et de lisibilité, tout en préservant le caractère patrimonial de nos bâtiments » explique Cécile Jaglin-Grimonprez. Il s’agit aussi de renforcer le lien organique avec la ville, ses espaces publics et ses jardins, plutôt que de maintenir un hôpital refermé sur lui-même.
Pour traduire cette vision, AIA a conçu un bâtiment pensé comme un organisme vivant. « Un hôpital doit fonctionner comme un corps humain : chaque organe est placé de manière optimale pour remplir son rôle », souligne Stéphanie Allard. Ainsi, urgences, blocs opératoires, imagerie et soins critiques sont regroupés pour réduire les distances et fluidifier les prises en charge. « Pour un patient victime d’AVC, quelques minutes gagnées entre l’ambulance, le scanner et le bloc opératoire peuvent faire la différence ».
L’organisation des flux est au cœur du projet : entrées distinctes selon qu’on arrive en urgence, en ambulatoire ou en visite, circulations claires et lisibles, connexions facilitées entre services. « Nous avons travaillé à relier le nouveau bâtiment Convergences aux existants tout en créant de nouvelles continuités piétonnes internes, ceci dans l’idée de supprimer ces mélanges de flux qui génèrent stress et perte de temps » ajoute-t-elle.
Les espaces verts et la lumière comme partenaires de soin
Pour la direction du CHU, il était essentiel que la nature retrouve toute sa place dans l’hôpital. « Nous souhaitions que les espaces verts, notamment le jardin botanique voisin, soient mieux intégrés et mis en valeur, afin que patients et soignants puissent en profiter pleinement » explique Cécile Jaglin-Grimonprez.
L’équipe d’AIA Life Designers a traduit cette ambition en imaginant un environnement apaisé et connecté au vivant : « En plus des espaces verts existants, nous avons proposé de créer un jardin d’accueil, le Jardin des Tilleuls qui permet aux patients et familles d’arriver sur un espace vert et non sur un parking. Ce geste simple réduit le stress et permet de commencer leur parcours dans une atmosphère sereine » explique Stéphanie Allard.
Cette recherche d’apaisement se prolonge à l’intérieur du bâtiment. Les architectes ont privilégié la lumière naturelle, mais aussi des matériaux et coloris inspirés du paysage angevin. Béton au ton doux, textures chaleureuses, nuances végétales : tout a été pensé pour rompre avec l’image froide et technique de l’hôpital traditionnel. « Nous avons voulu que chaque détail, notamment la texture des matériaux, la palette de couleurs, la qualité de la lumière, participe à rendre l’hôpital plus humain. Ce sont ces petits éléments, souvent invisibles, qui permettent réellement aux patients d’être moins anxieux et aux soignants de mieux vivre leur quotidien ».
Pour Cécile Jaglin, ces attentions sont déterminantes : « Les équipes d’AIA ont été très sensibles à améliorer la qualité de vie pour les patients et les soignants. Cela commence dès le hall d’entrée, qui a été conçu pour ne pas ressembler à un hall hospitalier classique. Pas de murs blancs ni de vocabulaire médical anxiogène, mais un espace chaleureux, inspiré de l’hôtellerie, qui apaise patients et proches. »
Un hôpital plus efficient et durable
Le projet intègre également une réflexion poussée sur l’efficience et la durabilité. L’organisation logistique a été totalement repensée, avec l’introduction de robots (AGV) capables d’assurer de manière automatisée le transport de matériel et de médicaments. Ces petits véhicules circuleront dans des galeries techniques souterraines et desserviront les services à la demande. « Cette logistique nouvelle génération permet de réduire les déplacements chronophages et de libérer du temps soignant. Les équipes pourront ainsi se concentrer davantage sur le patient » souligne Stéphanie Allard.
L’autre grand axe du projet concerne la transition énergétique. Le futur bâtiment intègre des panneaux photovoltaïques et une option de recours à la géothermie, tandis que les façades et les toitures ont été conçues pour optimiser les performances thermiques. « Nous avons voulu un projet sobre, à la fois dans l’usage des ressources et dans son fonctionnement futur. C’est une responsabilité sociale et environnementale que nous avons intégrée dès le départ » insiste Cécile Jaglin-Grimonprez.
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