S’il vous plaît, dessine-moi un hôpital

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S’il vous plaît, dessine-moi un hôpital

Dessiner un hôpital, c’est un métier. What’s up Doc a demandé au cabinet AIA, spécialisé dans la santé, de lui dire à quoi ressemblerait l’établissement futur. Rencontre avec Bruno Follin, directeur associé, et Bruno Saint-Dizier, responsable département architecture intérieure.

 

What’s up Doc. Que nous réserve l’architecture hospitalière du futur ?

Bruno Follin. L’hôpital qui se dessine pour demain, c’est un hôpital qui ne fera pas que du soin. C’est une évolution qu’ont déjà connu les gares et les aéroports, par exemple. Prenez la gare Saint-Lazare à Paris : il y a dix ans, elle n’offrait que deux fonctions : partir et arriver. Elle a muté pour offrir une multitude de services commerciaux.

Bruno Saint-Dizier. Bien sûr, l’idée n’est pas de transformer les hôpitaux en centres commerciaux. Il s’agit de trouver des activités qui ramènent la vie dans l’hôpital, et qui créent des synergies avec la ville. On peut par exemple imaginer une salle de sport pour faire de la rééducation, qui pourrait également servir aux habitants du quartier.

WUD. Et en terme de taille, la tendance sera-t-elle toujours au « big is beautiful » ?

BF. Non, au contraire, on va aller vers plus de compacité. Après les hôpitaux pavillonnaires, les hôpitaux-tours, les hôpitaux monospaces, la tendance va être à l’optimisation des flux par l’intégration. Autrement dit, tout va se raccourcir : le plateau technique, l’hospitalisation, les boxes de consultation vont se rapprocher.

WUD. Et en quoi le fameux virage ambulatoire va-t-il influencer l’architecture ?

BF. Cela va tout changer. Le patient va être conscient jusqu’en salle d’opération, voire pendant l’opération. En termes d’architecture, cela veut dire qu’il ne suffira plus de faire de jolis espaces d’accueil et de jolies salles d’attentes, mais aussi de beaux blocs, de belles salles de réveil… Nous sommes par exemple très attachés à éclairer les salles d’opération en lumière naturelle. Il y a également un gros travail à faire pour démédicaliser les espaces de circulation. La tendance, c’est de les traiter plutôt dans un esprit hôtelier qu’hospitalier : les couloirs avec les mains courantes en PVC jaune, c’est un peu dépassé !

BSD. Il faut voir que demain, les établissements seront soumis à concurrence plus acharnée. Le choix des patients se fera en fonction du praticien, mais aussi en fonction de la qualité de l’accueil.

WUD. Sachant que la construction d’un hôpital peut prendre quinze ans, comment faire pour qu’un hôpital ne soit pas déjà has been le jour de son ouverture ?

BF.  L’idée est de jouer sur la flexibilité des espaces. On doit pouvoir transformer les consultations en salles technique, ou des unités d’hospitalisation en unités ambulatoire, par exemple. Le volume construit doit être pensé pour accueillir différents usages, dans des séquences très variables. Bien sûr, c’est plus complexe à concevoir, mais c’est une évolution incontournable de l’architecture hospitalière.

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