Soins critiques : où sont les réanimateurs ?

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Le nombre de lits de réanimation est-il suffisant en France ? Quel est l’impact du manque de médecins et soignants expérimentés sur les fermetures de lits ? Un rapport de l’IGAS répond à ces questions posées tout au long de la crise Covid-19.

Soins critiques : où sont les réanimateurs ?

Sur le papier, la France dispose de 5 080 lits de réanimation. Mais 10% d’entre eux sont fermés, faute de personnel qualifié disponible. Ces chiffres sont issus d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) rendu public le 11 mars, intitulé « L’offre de soins critiques, réponse aux besoins courant et aux situations sanitaires exceptionnelles ».
Ce diagnostic sur les capacités de réanimation des établissements de santé français revêt une importante toute particulière après deux ans de pandémie qui ont constitué un défi pour les équipes concernées. Personnel positif au Covid-19, arrêt de travail longue durée pour burn-out, voire démission pour reconversion complète… les raisons expliquant le taux élevé de vacances de postes sont multiples. Sans surprise, pour augmenter nos capacités de réa, le premier levier à actionner selon l’IGAS est celui des ressources humaines.

 

L’urgence : former plus de réanimateurs !

« Les équipes médicales et paramédicales des unités de réanimation sont aujourd’hui confrontées à un haut niveau de tension (…) avec un grand nombre de postes vacants. Cette situation préoccupante appelle une réponse forte pour conjurer le risque de perte d’attractivité du métier de la réanimation, que l’expérience de la crise sanitaire pourrait accentuer ».
Avant la crise déjà, 57% des services interrogés disaient être confrontés à une vacance de poste de médecin (titulaire, ou non). Un constat qui rejoint les très nombreux témoignages d’équipes de réanimation tout au long de la crise Covid… En 2019, le nombre de médecins réanimateurs était estimé à environ 3300 (2700 ETP). Insuffisant. L’IGAS préconise la formation d’au moins 40 médecins réanimateurs supplémentaires par an au cours des dix prochaines années.
Par ailleurs, le rapport appelle à un décloisonnement des deux spécialités qui constituent la filière réanimation en France : médecine intensive-réanimation et anesthésie-réanimation. Un cloisonnement qui diminue l’attractivité de cette spécialité, selon l’IGAS. Depuis la réforme du 3ème cycle des études de médecine de 2017, les deux spécialités sont enseignées dans le cadre d’un co-DES d’une durée de 5 ans. Une bonne chose, mais il faut aller plus loin et laisser « la possibilité aux médecins d’évoluer au cours de leur cursus, soit en alternant leur activité de réanimation avec une autre activité médicale, soit en évoluant au cours de leur seconde partie de carrière vers un exercice où les contraintes physiques et la charge mentale sont moindres ».
Par ailleurs, l’IGAS souligne la nécessité de fidéliser le personnel infirmier de réanimation « aujourd’hui soumis à un turn-over élevé qui déstabilise les équipes et conduit à un manque de personnels expérimentés ». Les clés pour y parvenir : une meilleure rémunération et un renforcement de la formation initiale et continue en réanimation.

 

Créer 1000 lits de réa à terme ?

L’IGAS indique que l’accroissement prévisible des besoins de réanimation - lié principalement au vieillissement démographique - appelle en priorité l’ouverture de lits d’aval pour les patients qui restent longtemps en réanimation.
La transformation des unités de soins critiques (USC) en unités de soins intensifs polyvalents (USIP) adossées aux unités de réanimation, déjà prévue par la réforme lancée en 2017, devrait permettre d’augmenter rapidement l’offre de réanimation.
Néanmoins, une autre piste envisagée est celle de la création de lits. « Sur la base d’une estimation maximaliste, l’accroissement attendu des besoins pourrait rendre nécessaire la création de 1000 lits de réanimation supplémentaires d’ici à 2030 ». A condition que les établissements parviennent à trouver et garder les personnels soignants indispensables pour « armer » ces lits…

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