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D’après l’enquête, 72 % des médecins généralistes estiment que le contexte actuel est source d’inquiétudes en termes de protection sociale. Ce taux rejoint celui des travailleurs indépendants (72 %) et des dirigeants de TPE (81 %). Mais la spécificité des médecins est claire : contrairement aux salariés couverts par des contrats collectifs d’entreprise, ils doivent assumer seuls leurs protections complémentaires – santé, prévoyance, arrêt de travail, invalidité, décès.
La prévoyance : adoptée mais jugée insuffisante
L’étude révèle que 78 % des médecins disposent d’un contrat de prévoyance, soit beaucoup plus que les dirigeants de TPE (57 %) ou les indépendants (37 %). Pourtant, cela ne suffit pas à les rassurer : 83 % considèrent leur couverture insuffisante en cas d’arrêt de travail.
Près de 39 % des médecins expriment le souhait de renforcer leur protection sociale, mais se heurtent à un système jugé complexe et difficile à maîtriser.
Un indice de vulnérabilité record
Pour mesurer ce ressenti, Swiss Life a établi un « indice de vulnérabilité ». Chez les médecins généralistes, il atteint 70,2/100, le score le plus élevé des professions étudiées. À titre de comparaison, il est de 67,2 chez les indépendants et 67,4 chez les dirigeants de TPE. Autrement dit, les médecins libéraux cumulent fragilité perçue et risque réel en cas d’interruption d’activité.
La peur de l’arrêt de travail
La crainte d’un arrêt prolongé est massive : 87 % des médecins généralistes redoutent un arrêt de travail de plusieurs semaines ou mois. Un tel événement mettrait la plupart d’entre eux en grande difficulté financière et organisationnelle, faute de dispositif collectif de relais.
Le vécu alimente ce sentiment : près d’un médecin sur deux ayant déjà connu un arrêt de travail rapporte des difficultés de prise en charge. La raison ? Les durées de franchises, généralement fixées à 15 jours, mais parfois portées à 30, qui laissent un vide de revenus mal compensé.
Des réformes qui inquiètent
Le plan de redressement des finances publiques, porté par François Bayrou, pourrait encore accentuer ces vulnérabilités. Parmi les mesures envisagées figure l’allongement à 7 jours du délai de carence des arrêts maladie. Pour les salariés, cette charge pourrait être absorbée par l’employeur ou la complémentaire collective. Mais pour les médecins libéraux, cela se traduirait par une perte sèche de revenus, à moins de souscrire des contrats de prévoyance plus coûteux.
Les points faibles identifiés
Selon l’étude, les médecins pointent trois manques majeurs dans leur couverture actuelle :
- le maintien de la rémunération en cas d’arrêt,
- l’accès à un accompagnement psychologique,
- la protection de leur famille
Une vulnérabilité systémique
En intégrant pour la première fois les médecins généralistes, l’indice de Swiss Life met en lumière une réalité souvent sous-estimée : le statut libéral, censé garantir autonomie et souplesse, expose aussi à une grande fragilité sociale.
Si la prévoyance est mieux intégrée dans la profession que chez d’autres travailleurs non salariés, le sentiment d’insécurité reste massif. Pour les praticiens de ville, déjà confrontés à la surcharge de travail et aux attentes sociétales, cette vulnérabilité sociale ajoute une pression supplémentaire.
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