Santé : pas facile de s'arrêter pour les médecins

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Santé : pas facile de s'arrêter pour les médecins

Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (Cnom) a lancé, le mois dernier, une enquête de grande ampleur sur le bien-être des médecins. Les premiers résultats ont été dévoilés.

Quoi de neuf docteur ? Pour y répondre, l’Ordre et sa commission nationale d’entraide ont lancé, le mois dernier, une enquête sur la santé des praticiens. Une soixantaine de questions portant sur leur état physique et mental ont été posées aux spécialistes jugés les plus en difficulté : les généralistes, les gynécologues-obstétriciens, les médecins du travail, les anesthésistes-réanimateurs et les psychiatres.  La semaine dernière, les premiers résultats ont été dévoilés lors du colloque « Soigner les soignants », organisé par l’association d’aide aux professionnels de santé et médecins libéraux (AAPML). Résultat : trop de médecins négligent leur santé.

Sur près de 11 000 répondants, 2 786 se sont déclarés en mauvaise ou moyenne santé. Sans surprise, c’est dans les déserts médicaux que l’on recense la majorité des praticiens en mauvaise santé. « Dans ces territoires, les médecins ont davantage de travail », affirme le Dr Jacques Morali, généraliste et président de la commission nationale d’entraide. « La seule solution serait de leur donner plus de temps médical et moins de tâches administratives. »

Pas facile de s’arrêter

Même lorsqu’il le faut, peu de médecins raccrochent la blouse. Ainsi, 68 % des praticiens malades ont renoncé à s’arrêter alors que leur état de santé le justifiait. Plus inquiétant, 25 % d’entre eux déclarent être atteints d'une ALD. « Un tiers des médecins porteurs d’une ALD souffrent de tumeurs malignes », précise Jacques Morali. « Je suis très surpris par ce résultats car il s’agit de pathologies sérieuses et sévères. »

Pourquoi un tel laisser-aller ? « Lorsqu’un médecin hospitalier s’arrête, il perçoit immédiatement des indemnités journalières. Le libéral, lui, n’est malheureusement protégé qu’au bout de 90 jours de carence », rappelle le généraliste. « C’est un obstacle aux soins. » Le généraliste conseille donc vivement aux libéraux de souscrire une assurance contre la perte d’exploitation qui sert à payer les charges du cabinet en cas d’arrêt. « Nous souhaitons que tous les médecins aient une prévoyance minimale », explique le président de la commission.

Un médecin traitant pour tous

Le CNOM met également en garde les praticiens contre le risque de burn-out. « En tout, 722 répondants ont déjà ressenti les trois symptômes de l’épuisement professionnel : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation des relations avec les patients et la perte d’accomplissement personnel », déplore Jacques Morali. Pire, parmi les 3 000 médecins les plus malades, 29 % ont eu des idées suicidaires.

L’Ordre espère que ces résultats conduiront à une prise de conscience de la profession. « Aujourd’hui, seulement 30 % des praticiens ont un médecin traitant autre qu’eux-mêmes, c’est trop peu », estime le généraliste. En ce sens, Jacques Morali salue la campagne « Dis Doc, t’as ton doc », lancée fin mars par le Collège français des anesthésistes-réanimateurs. A terme, le CNOM souhaite développer une prévention ciblée et créer un observatoire de la santé des médecins.

Néanmoins, « ces résultats sont encore préliminaires » rappelle Jacques Morali. Rendez-vous cet été pour l’analyse complète !

 

 

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