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« L'idée d'ouvrir Weiji s'est imposée dans la mesure où, depuis plusieurs années, les études montrent une augmentation de la souffrance psychologique et psychiatrique des adolescents », explique à l'AFP la psychiatre Marie-Rose Moro, qui dirige la maison de Solenn.
Selon les chiffres de Santé publique France, « 20 à 25 % d'un groupe d'âge adolescent a des souffrances psychiques, et 10 à 15 % des idées suicidaires : c'est énorme, cela augmentait déjà avant le Covid mais le Covid l'a mis en évidence, donc on s'est dit : il faut en faire plus », dit-elle.
Inaugurée officiellement jeudi mais en activité depuis fin octobre, Weiji – qui signifie en mandarin « l'opportunité que représente la crise » – dispose de 6 places (10 à terme) et mobilise une équipe pluridisciplinaire : infirmière, pédopsychiatre, psychologues, psychomotricienne…
Guérir sans sortir de son quotidien
« Des études internationales ont montré que, dans certains cas, une prise en charge ambulatoire intensive » des adolescents, « sans les sortir de leur famille, de l'école, de leur lieu de vie, peut s'avérer plus efficace qu'une hospitalisation », expose Marie-Rose Moro.
Accueillis, parfois en post-urgences, 3 à 5 jours par semaine pendant un mois, ces jeunes alternent séances (en individuel, avec les parents, entre ados, ou avec plusieurs familles, la « thérapie multifamiliale ») et ateliers (poterie, contes, aromathérapie), selon un programme élaboré avec eux.
« Nous réévaluons chaque matin leur risque suicidaire et nous élaborons un ‘plan de sécurité’ avec les familles des adolescents », qui jouent un rôle central dans la prise en charge, détaille la pédopsychiatre Maude Ludot-Grégoire.
À Weiji, on fait « de l'éducation thérapeutique », explique Marie-Rose Moro : « On apprend aux parents à passer un contrat avec leur ado : qu'est-ce qu'on va faire, chaque fois que tu auras une impulsion suicidaire, pour t'aider ? ». Et un débriefing est fait chaque soir avec le jeune.
Attentive « aux liens aux autres, à leur fratrie, aux parents, à l'école », l'équipe se veut « une enveloppe » pour les adolescents et leur famille : elle les soutient « dans une expérience contenante qui va leur permettre de traverser la crise », ajoute-t-elle.
En quittant Weiji, les ados, sortis de leur crise suicidaire, reprennent leur vie avec un suivi en ville ou sont hospitalisés à temps plein si le traitement intensif ambulatoire n'a pas suffi.
Une étude, réalisée avec deux chercheurs de l'Inserm, évaluera les résultats de cette unité pionnière.
Avec AFP
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