À la suite de différentes prises de parole du Pr Éric Maury, président de la société de réanimation de langue française (SRLF), qui avait notamment déclaré il y a un mois que la mortalité était plus élevée chez des patients Covid pris en charge par des anesthésistes réanimateurs, que chez les intensivistes (étude faite en avril à l’hôpital Henri Mondor), les représentants des anesthésistes réanimateurs avaient décidé de porter l’affaire devant le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom). Plus récemment, dans un courrier du 17 novembre, la Société française d’anesthésie réanimation (Sfar) avait décidé de rompre tout lien de travail avec la SRLF.
Dans un communiqué de presse publié hier, la SRLF lui répond sur un ton qui se veut dénué d’esprit polémique. « La SRLF prend acte de la décision unilatérale du Conseil d’Administration de la SFAR « de cesser momentanément tous travaux communs » avec la SRLF », annonce le communiqué. La SRLF essaie de se placer au-dessus de la mêlée en affirmant rechercher le bien de tous et défendre de manière œcuménique l’ensemble de la « filière réa », quelle que soit la formation initiale des réanimateurs : « La SRLF réaffirme sa position qui se veut transpartisane et centrée sur la défense de l’offre de soins en réanimation, l’augmentation du nombre de soignants aussi bien médecins qu’infirmier.e.s ainsi que la reconnaissance de leurs compétences quelle que soit leur filière de formation initiale à la réanimation. »
Néanmoins, la SRLF ne peut s’empêcher de décocher ses flèches, en dénonçant, chez des membres de la Sfar à l’origine de la décision de rupture des relations de travail, « des postures personnelles » et en dénonçant, en creux, le jeu de la division entamé par la Sfar, à rebours de la réalité du terrain : « Au-delà des postures personnelles, face à l’épreuve que nous endurons tous, les réanimateurs tant du public que du privé, et ce quelle que soit leur formation initiale, font face à l’épidémie, côte-à-côte sur le terrain, loin de toute querelle partisane. »
In fine, la SRLF se pose en rassembleuse : « La SRLF réaffirme son attachement à cette conjonction de nos forces au quotidien dans les unités de réanimation. » Sur les réseaux sociaux, les twittos (Mir et Mar) semblent regretter cette situation : Un twittos dénommé « internes des temps modernes », dénonçe l’attitude "puérile" des deux sociétés savantes :
Deux des associations medicales les plus impliquées dans la crise du #Covid_19 se prennent la tête comme des enfants.@SFAR_ORG @La_SRLF il n'y a pas de quoi être fier de vos communiqués des deux côtés
Par respect pour les patients, lavez le linge sale en privé svp. @SFARJeunes https://t.co/xJgcNt5QKt— L'interne des temps modernes (@InterneDTM) November 18, 2020
Le professeur Olivier Joannes-Boyau, membre du conseil d’administration de la Sfar, demande à la SRLF de mettre leurs actes en accord avec leurs écrits, pour reprendre « la collaboration que nous avons toujours souhaité fructueuse ».
Le jour où vous mettrez vos actes en accord avec vos écrits, nous pourrons envisager de reprendre la collaboration que nous avons toujours souhaité fructueuse. @La_SRLF @SFAR_ORG @SFARJeunes @SNJeunesAR @SFARJeunes @SNPHARE https://t.co/Uyh3scOfbw
— OlivierJOANNES-BOYAU (@OJBoyau) November 18, 2020
Plus inquiétant, un twittos faisait part des relations tendues actuellement à La Pitié Salpêtrière (Paris) dans les services de réanimations, du simple fait que « les chefs de service des deux plus grosses réas med et chir sont tous les deux au CA de la Sfar et de la SRLF ».
Je te cache pas que l'ambiance est tendue à la Pitié vu que les chefs de service des deux plus grosses réas med et chir sont tous les deux au CA de la SFAR et la SRLF. Et en plus les non covid vont en réa chir donc on est à 2 doigts de l'accusation de vol d'activité
— Rifax (@Rifax21) November 18, 2020
Olivier Joannes-Boyau rappelait pour mémoire les raisons de la discorde, à certains twittos qui s’inquiétaient de la guerre des chefs en pleine période Covid :
Regardez donc l'intervention du président de la SRLF au sénat qui explique tranquillement que les patients meurent 2 fois plus dans les réanimations avec des anesth-réa, en s'appuyant sur une pauvre étude bidon dans une réa et vous comprendrez.
— OlivierJOANNES-BOYAU (@OJBoyau) November 19, 2020
Bref, comme disent les anglo-saxons : talk and fight.