Rentrée des médecins libéraux, ce qu’ils ne lâcheront pas

Article Article

Dans un contexte de réforme de santé, de réflexion sur la permanence des soins, deux sujets taraudent l’esprit des médecins de ville : l’obligation de garde et la contrainte à l’installation. Deux pierres d’achoppements sur lesquelles ils n’envisagent pas de transiger.

Rentrée des médecins libéraux, ce qu’ils ne lâcheront pas

© IStock 

Avec la rentrée, va arriver le temps de la grande concertation, voulue par le président de la république, autour de la Santé, de la permanence des soins, de la répartition des soins entre ville et hôpital, la gestion des déserts médicaux. Et avant même que commencent les débats, les médecins généralistes libéraux voient arriver des thématiques à fort potentiel polémique.


La question du rétablissement de l’obligation de garde, supprimée en 2002 a été remise en avant avec la crise des urgences. Le président de la FHF, Frédéric Valletoux, l’avait même évoqué avec grande éloquence, lors de Santexpo : « nous demandons que l’effort soit en permanence réparti entre tous les acteurs, et que l’hôpital public ne soit pas seul à pallier ces défaillances du système de santé. (...) Compte tenu de la situation, une obligation de participation de tous les praticiens devrait être décidée en urgence. Chaque praticien devrait s’inscrire sur une ligne de garde ou d’astreinte, en ville (PDSA) ou à l’hôpital (PDSES), lorsqu’elle est jugée indispensable pour l’accès aux soins sur le territoire d’exercice. ». Ce discours avait provoqué de vives réactions de la part des professionnels de santé.

Le rétablissement de l’obligation de garde pour les libéraux est considéré comme « un faux problème ». « Il ne reste que 4% à 5 % du territoire qui n’est pas couvert par la permanence des soins ambulatoires» explique Agnès Giannotti, à la tête de MG France, au Monde. Elle fait référence aux derniers chiffres du Conseil national de l’ordre dans lequel on peut observer qu’environ 40 % des médecins généralistes participant à cette permanence. « Notre problème c’est la journée ! Ou encore les 600 000 personnes en affection longue durée qui n’ont pas de médecin traitant ! » ajoute Agnès Giannotti.

Des questions qui risquent de faire du remous dans les prochains mois

Deuxième point de friction : la coercition à l’installation des médecins généraux, défendue régulièrement par des élus locaux comme réponse aux déserts médicaux. Notamment avec la proposition de loi du député socialiste de la Mayenne Guillaume Garot, rejetée en janvier. « On craint forcément le geste politique fort sur la coercition, c’est tellement facile pour la politique » raconte Philippe Vermersch, membre du Syndicat des médecins libéraux. Il renchérit « Ce sera un gros flop et ça ne va faire qu’aggraver les problèmes d’accès au soin ! ». De plus cette mesure a des conséquences pour les futures générations, qui risque d’éviter cette spécialité pour ces raisons.

Agnès Giannotti « aborde ce moment de la concertation avec un sentiment de colère. Je n’entends jamais parler d’investissement pour la médecine générale, mais que de contraintes. (…) La France est un gigantesque désert médical, déshabiller un territoire pour un autre ne va en rien régler le problème, il faut aider les médecins à prendre en charge tous ceux qui en ont besoin et cela nécessite des moyens, par exemple pour avoir plus d’assistants médicaux dans les cabinets. » Des questions qui risquent de faire du remous dans les prochains mois.

Les gros dossiers

+ De gros dossiers