Mais où se cache le médecin de garde ?

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Après l’élan de 2020, la mobilisation pour assurer les gardes s’est essoufflée. Seuls 5,6% des généralistes libéraux ont participé à la permanence des soins en 2021. C’est l’heure du bilan. 

Mais où se cache le médecin de garde ?

Selon la 19ème enquête annuelle sur l’état des lieux de la permanence des soins ambulatoires en médecine générale, publiée par le CNOM ce 7 mai, « la dégradation de la couverture territoriale se poursuit ».
La mobilisation des praticiens avait été générale en 2020, avec le début de la pandémie de Covid-19. Les efforts s’étaient conjugués pour améliorer la réponse ambulatoire aux soins non programmés : hausse du nombre de médecins volontaires pour réguler, hausse du nombre de médecins retraités ayant repris du service et augmentation des montants alloués pour la régulation. Cet élan est malheureusement retombé depuis….

56% des secteurs de garde tournent avec moins de 10 médecins 

36% des territoires de permanence des soins ambulatoire (PDSA) sont couverts par moins de 10 médecins volontaires et 20% des territoires par moins de 5 médecins, deux indicateurs critiques.
Dans ces territoires, les conseils départementaux de l’Ordre des médecins (CDOM) soulignent que « c’est toujours le manque de médecins participant au dispositif qui apparaît comme la cause principale du dysfonctionnement, qu’il soit lié à la démographie médicale ou à la démobilisation des médecins libéraux ». En 2021, seuls 5,6% des médecins généralistes libéraux en activité régulière ont participé à la permanence des soins (soit environ 3200 sur un total de 47 000).
Le départ de médecins en retraite, qui ne sont pas remplacés, est majoritairement évoqué. Ainsi que les journées déjà surchargées, de plus de 12 heures d’affilée, des médecins effecteurs, rendant la mobilisation pour les gardes de nuit et de week-end compliquée pour ne pas dire surhumaine.

Gros problèmes dans les EHPAD

Des résidents privés de visites du médecin dans les plages horaires de la permanence des soins ? C’est malheureusement le constat dressé par cette enquête, qui souligne que seuls 10 départements ont déclaré avoir sur leur territoire un dispositif spécifique pour répondre aux demandes de consultations non programmées dans les EHPAD.
Par ailleurs, dans 60% des départements, l’établissement du certificat de décès pose problème, faute de médecins effecteurs.

Où en est le numéro unique ?

Le 15 reste à ce jour le numéro d’accès privilégié à la régulation médicale en horaire de nuit et de week-end dans 78 départements et même le numéro unique dans 50 autres. Le 116-117 est utilisé dans 14 départements.
La majorité des départements est favorable à la mise en place d’un numéro unique, le 112, dans le cadre du SAS (service d’accès aux soins). Ceci permettrait notamment de désengorger le 15, qui pourrait se recentrer sur les urgences vitales. Pour le CNOM, une configuration de ce numéro unique regroupant le SAMU et les médecins de garde de la PDSA serait cohérente avec le SAS.

Des pistes de solutions (certaines vont fâcher les médecins !)

Pour les conseils départementaux, voici les leviers à actionner pour améliorer la situation : les mesures financières incitatives comme la revalorisation des visites et la défiscalisation des actes (65%), la remise en cause de la notion de volontariat (44%), le recours renforcé aux étudiants et médecins salariés pour participer à la PDSA (37%), la suppression des gardes sur certains créneaux (33%), le renforcement de la sécurité (28%).

 

 

 

 

 

 

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