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Fin juillet, Juliette S., une infirmière de 25 ans affectée au service de réanimation néonatale, se rend au commissariat après avoir été confondue sur les réseaux sociaux. Elle reconnaît avoir commis des agressions sexuelles sur des bébés hospitalisés et filmé les sévices, avant de transmettre les images à son compagnon, Redouane E., lui aussi mis en examen pour complicité. Selon ses aveux, les faits se seraient déroulés entre décembre 2024 et janvier 2025, mais la période d’investigation a été élargie à octobre 2024.
Pour les familles, l’annonce a été un basculement brutal et depuis les mères passés par ce service sur les périodes concernées vivent dans le doute absolu pour leurs enfants. A l’image de Leila, face à une vidéo que lui ont montré les enquêteurs, pour identifier son fils Chems. « J’ai l’impression que c’est lui mais je me dis que c’est pas lui. Mon entourage pense que je suis dans le déni… C’est cette incertitude qui est terrible », explique-t-elle dans le Parisien.
L’incertitude insoutenable
À ce jour, une vingtaine de familles seraient concernées. Quinze d’entre elles ont déjà porté plainte ou se sont constituées partie civile. Mais la plupart restent dans un flou insupportable : la police a demandé des photos de plusieurs enfants pour comparaison, laissant penser qu’ils pourraient être directement touchés, sans donner de suite claire. « On vit, mais sans vie. Comme des robots. C’est un cauchemar. Personne ne nous écoute », témoigne Marie, la mère de Wilson, née prématuré en décembre 2024 au Parisien.
D’autres parents se souviennent avec effroi du visage de la soignante incriminée. « J’en suis certaine, mon fils a été dans les mains de cette infirmière », affirme Naïma toujours dans le Parisien. Rose, de son côté, se rappelle avoir donné le premier bain de sa fille en présence de Juliette S. : « On me dit que mon enfant ne peut être victime car son hospitalisation a pris fin sept jours avant la période pour laquelle Juliette s’est dénoncée. Mais qu’en savent-ils ? ».
Silence et manque de soutien
L’hôpital André-Grégoire, sommé de mettre en place une cellule de crise, reste largement absent aux yeux des parents. Les familles dénoncent une absence de communication, l’annulation de rendez-vous lorsqu’elles demandent à venir accompagnées d’avocats, et des demandes de dossiers médicaux restées sans réponse. « Cette omerta est étouffante », déplore Me Myriam Guedj Benayoun, avocate de huit familles plaignantes dans le Parisien.
« Cela fait plus de dix jours aujourd’hui que ces familles sont dans le flou absolu et n’ont par ailleurs aucune réponse de la part de l’hôpital », insiste Me Besma Maghrebi-Mansouri, qui accompagne sept autres familles. Elle dénonce également l’absence de soutien psychologique : « C’est inadmissible. Les familles peuvent penser au pire dans cette situation. Elles ont a minima besoin d’être écoutées ».
Une décision judiciaire contestée
Juliette S. et Redouane E. ont été mis en examen début août pour agressions sexuelles sur mineur et captation d’images pédopornographiques. Tous deux ont pourtant été laissés en liberté sous contrôle judiciaire, une décision vécue comme un scandale supplémentaire par les parents.
Privées de réponses claires, sans accompagnement psychologique, les familles tentent de s’organiser par elles-mêmes, via un collectif informel créé sur WhatsApp. Mais la confiance dans les institutions est durablement rompue. « Si je ne peux même pas me fier au personnel hospitalier, à qui puis-je faire confiance pour garder ma fille ? », s’interroge Rose.
Toutes redoutent désormais les séquelles psychologiques sur leurs enfants, et vivent chaque jour avec la peur de découvrir que leur bébé figure parmi les victimes.
Source:
Le Parisien
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