«Le centre de soins non programmés est la solution pour le désengorgement des Urgences, et ça coûte moins cher»

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Hélène Urbanczyk est médecin généraliste en Vendée et présidente de la CPTS littoral vendéen (Communauté professionnelle territoriale de Santé). Dans le département, la CPTS a ouvert des centres, tenus par des généralistes salariés par l’hôpital, dont le dernier né, le centre de soins non programmés Françoise Barré Sinoussi aux Sables-d’Olonne. Une nouvelle pierre dans l’édifice de l’offre de soins. Elle explique les avantages de ce concept.

«Le centre de soins non programmés est la solution pour le désengorgement des Urgences, et ça coûte moins cher»

What’s up Doc : Quel est le rôle d’une CPTS, comme la CPTS littoral vendéen que vous présidez ?

Hélène Urbanczyk : Les CPTS sont des communautés de soignants de ville, en grande majorité, qui ont pour partenaires les établissements de santé, les structures médico-sociales, et financés par la CPAM. Avec trois missions : l’accès au soin, fluidifier le parcours en renforçant les liens villes hôpital et la coopération pluridisciplinaire entre médecin infirmier, médecin pharmacien ou médecins kinésithérapeute, et assurer la promotion de la prévention et de l’éducation thérapeutique. C’est le principe d’une communauté, on s’organise ensemble, on communique et on essaie d’avancer d’une manière plus efficiente, sans forcément augmenter les moyens humains. La Vendée compte 7 CPTS, il y a un maillage qui couvre toutes les communes du département.

 

Et donc c’est avec cette CPTS que vous avez lancé ce centre de soins non programmés.

H. U. : Sur notre secteur, avant la pandémie, comme nous sommes dans une zone côtière, la problématique était l’offre de soin sur la période estivale, les week-ends, et les vacances scolaires. L’idée d’un centre de soin nous a paru bonne, parce que on avait beau essayer de dégager des créneaux de consultations, quand on travaille dans nos cabinets, les journées n’étant pas à rallonge, on avait du mal à trouver du temps en plus pour des patients extérieurs à nos cabinets.

 

Car à qui s’adresse un centre de soins non programmés ?

H. U. : Nous ne faisons que du soin urgent qui relève de la médecine générale, dédié à des patients qui n’ont pas de médecin traitant, soit 12% de la population vendéenne, ou les patients de passage, en vacances, ou encore ceux dont le médecin traitant n’est pas disponible. Un patient dans cette situation urgente appelle la régulation, donc le 116 117, qui désormais fonctionne aussi en journée. Il va avoir au téléphone un généraliste qui régule pour le département, et délivre un conseil, une ordonnance, ou si nécessaire l’envoie en consultation au centre de soins. Il y a 5 centres en Vendée, bientôt un 6e ce qui permet au médecin régulateur une offre de soin plus importante.

 

C’est donc un bon moyen de désengorger les urgences de l’hôpital.

H. U. : Exactement. On traite principalement de l’infectiologie, de la douleur aigue et de la petite traumato, qui n’ont pas du tout besoin d’un service d’urgence et d’un plateau technique pour être pris en charge. Cela remet les soins là où ils doivent être. Il y avait déjà un système de garde pour les soirs et les week-ends, le système de permanence des soins qui existe partout en France et le centre vient en complément tous les après-midis, pour l’instant parce qu’on débute. On doublera les effectifs en saison. Si on sent des besoins on ouvrira le matin aussi. Ce modèle permet de recruter du temps médical.

 

Justement qui recrutez-vous et sous quel statut ?

H. U. : Les médecins sont quasi tous des libéraux ou des retraités, et tous travaillent sous le statut salarié de patricien contractuel, avec un contrat à chaque vacation. Ce modèle de salarié est très intéressant il permet à une médecin remplaçant de travailler sans être en contrat avec un médecin du secteur, ce qui offre plus de liberté et beaucoup de souplesse.

 

Et chacun négocie son salaire ?

H. U. : Non, ce sont les communautés qui ont négocié sur la base de 260€ la demi-journée de 4 heures en salariat. Et on ne peut pas en faire une activité à temps plein. C’est une volonté. On a besoin de médecin traitant. Là on répond au soin urgent, mais il faut des médecins en ville qui suivent les patients, les maladies chroniques. Donc c’est une vacation maximum par semaine, avec une certaine souplesse. On veut que les remplaçants continuent de remplacer dans les cabinets quand on part en vacances et viennent au centre de temps en temps.

 

Et concrètement aux Sables-d’Olonne combien êtes-vous ?

H. U. : Nous avons un pool de 16 médecins qui se sont portés volontaires, mais nous avons déjà des demandes d’inscription d’autres médecins. Notre centre se compose de deux cabinets de consultation de médecine générale, d’un secrétariat, et les médecins tournent. On s’est appuyés pour le côté logistique et administratif sur le centre hospitalier voisin. Les secrétaires du centre sont aussi salariés de l’hôpital, comme les médecins. Et nous sommes installés dans des modulaires, sur une parcelle qui appartient à la ville louée par l’hôpital. Un vrai partenariat, mairie, hôpital et praticiens de ville.

 

Tout cela est pour l’instant expérimental ?

H. U. : Oui de tels centres n’existent qu’en Vendée. Nos élus sont allés porter ce projet auprès du ministère, qui a accepté de financer l’expérimentation sur 9 mois jusqu’en septembre. Ensuite ce sera le service d’accès au soin qui prendra le relais, ça deviendra national. Ce procédé permet d’avoir de la souplesse sur les périodes où il y a le plus d’activité. On peut avoir un endroit dédié, où on peut consulter et proposer rapidement des soins. L’avantage d’une communauté, c’est aussi qu’on a les réseaux et qu’on peut rapidement mobiliser des médecins. On n’est pas inquiet sur le succès de l’opération : on attire les jeunes remplaçants, les nouveaux retraités, mais aussi les médecins installés sur le secteur qui de temps en temps ont envie de sortir de leur cabinet, et d’avoir une activité mixte. Les centres installés depuis plus longtemps ont observé un double retentissement : ça décharge les urgences et ça décharge la garde du soir du médecin généraliste qui après 20.00 ne se retrouve pas avec tous les patients sans consultation. Aux urgences ça améliore la priorisation des patients, donc leur sécurité, et le confort de travail des urgentistes. Et pour la société ça coute beaucoup moins cher.

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