Patrick Pelloux refait un tour du côté des grands morts

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Le Dr Patrick Pelloux, célèbre urgentiste et écrivain à ses heures perdues, fait paraître Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux : un recueil de 21 chroniques où il relate la mort de personnalités aussi diverses que Charb, Jean Jaurès, ou Mahomet.

Patrick Pelloux refait un tour du côté des grands morts

« Quel est le con qui a fait ça ? C’est génial ! Pourquoi je n’ai pas eu l’idée ? ». C’est ainsi que Cavanna, co-fondateur de Charlie Hebdo, aurait d’après Patrick Pelloux salué sa première chronique consacrée à la mort d’un personnage célèbre. On était en 2009, et l’urgentiste venait de signer dans le journal « bête et méchant » un grand article sur le décès de Voltaire. Par la suite, d’autres figures historiques ont suivi, et un premier recueil sur les agonies des grands hommes a vu le jour en 2013*. Six ans après, Patrick Pelloux publie chez Robert Laffont un deuxième opus sur le même sujet : Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux.
Dans ce nouveau livre, l’auteur adopte une démarche hédoniste assumée. « Les personnages qui composent ce volume sont variés car il m’a plus de vous emmener dans différentes sociétés, dans différentes périodes historiques pour analyser au plus près la vérité sur leur mort », écrit Patrick Pelloux en préambule. Et en suivant son bon plaisir, il dessine en 21 portraits les contours de ce qu’on pourrait appeler une autobiographie en pointillés.
Ce n’est ainsi pas un hasard si le premier chapitre est consacré à Mahomet, probablement décédé selon le diagnostic de Patrick Pelloux d’une pleurésie tuberculeuse. Comment en effet ne pas lire ces pages à l’aune de la fameuse affaire des caricatures, citée par les frères Kouachi comme prétexte à leur attentat contre Charlie ? « L’existence de Mahomet fut bien réelle […], évoquer sa mort n’est pas blasphématoire », écrit en bon libre penseur l’urgentiste. « Que l’on soit croyant ou non, Mahomet fait partie de l’histoire de l’humanité et, comme toute religion, l’islam peut et doit aussi être abordé par des athées. »

Villain… ou Kouachi ?

Nulle coïncidence non plus si, dans les pages qu’il écrit sur la mort de Jean Jaurès, Pelloux s’attarde surtout sur la personnalité de son assassin, Raoul Villain. L’auteur suit longuement le fanatique dans la préparation de son crime, le dépeint achetant son revolver, faisant les cent pas devant le Café du Croissant…
Et si le diagnostic médical sur la mort du leader socialiste est évacué en quelques mots, le profil psychopathologique de Villain est au contraire très étoffé. « L’idée de tuer Jaurès tourne dans sa tête comme une épilepsie idéative incontrôlable », écrit Patrick Pelloux. « Il se sent investi d’une mission politique sans comprendre vraiment les tenants et les aboutissants de tout ça, en plein dans son délire paranoïaque. » Des mots qui pourraient aussi s’appliquer aux frères Kouachi…
Last but not least, le livre se clôt sur un chapitre consacré au dessinateur Charb, grand ami de Patrick Pelloux qui dirigeait Charlie Hebdo depuis quelques années quand il a été assassiné le 7 janvier 2015. Et là, Patrick Pelloux s’écarte de son projet initial. « Pour ce dernier chapitre, je n’ai pas envie de vous parler de sa mort, ni de l’attentat mais de lui », écrit le praticien. Des pages qui prennent la forme d’une belle oraison funèbre. « Charb est à côté de moi », conclut-il. « Je continue en étant le mieux possible. »
* Patrick Pelloux, On ne meurt qu’une fois et c’est pour si longtemps, Robert Laffont, 2013
 

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