"Nous refusons de brader la santé des patients sur l’autel de la productivité"

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Une pétition lancée par 100 médecins généralistes refuse "l’abattage" en médecine générale et la vision "productiviste" de l'assurance-maladie.

"Nous refusons de brader la santé des patients sur l’autel de la productivité"

 « Nous, médecins généralistes, refusons d’être les boucs émissaires des politiques de santé délétères mises en place depuis des années et ayant abouti à la désertification médicale. Nous, médecins généralistes, demandons à pouvoir recevoir, écouter, informer et soigner les patients qui nous accordent leur confiance, avec le temps nécessaire pour chacune et pour chacun. »

C’est en ces termes qu’une pétition lancée par 100 médecins généralistes vient d’interpeller la ministre de la santé. Intitulée « Non à l’abattage en médecine générale », elle exprime clairement son refus de « brader leur santé sur l’autel de la productivité ». Lancée il y a environ trois semaines à l’initiative du Dr Jean-Baptiste Blanc, elle a déjà recueilli plus de 10 350 signatures.

La pétition évoque le plan “Ma Santé 2022” qui envisage, pour lutter contre la pénurie de médecins en exercice, de financer des assistants médicaux pour les médecins généralistes qui s’engagent à recevoir 6 patients à l’heure. Soit moins de 10 minutes par consultation.

C’est l’assurance-maladie qui avait mis de l’huile sur le feu début février. Elle estimait en effet que le gain de temps pour un médecin bénéficiant d'un assistant médical (pour deux praticiens) était de 12 heures minimum par semaine. Si bien qu’il pouvait passer de trois à six consultations par heure…

Réponse des médecins signataires de la pétition : « Nous médecins généralistes, refusons de sacrifier la qualité de la consultation en recevant, dans le même temps de travail, deux fois plus de patients ».

Soutien du SNJMG et de L’UFML-Syndicat

Le SNJMG soutient la pétition et rappelle qu’il se « bat régulièrement contre les différentes tentatives de renvoyer les médecins généralistes à une activité (et à un statut) d'officiers de santé. »

L’UFML-Syndicat se réjouit aussi du succès de la pétition qui « signe l’exaspération d’une profession qui fait face chaque jour à une augmentation de la demande en soin tout en maintenant les exigences nécessaires d’une médecine de qualité ».

Quant aux médecins signataires, ils proposent un certain nombre de pistes (la liste ci-dessous n’est pas exhaustive) pour retrouver « à très brève échéance »  du temps pour soigner :

- Suppression de l’obligation d’un certificat médical d’arrêt de travail pour les arrêts inférieurs à 2 ou 3 jours.
- Suppression de l’obligation d’un certificat médical pour l’absence de parents qui gardent leur enfant un jour ou deux, et interdiction des demandes de certificats médicaux pour la cantine/garderie/crèche etc. en cas d’absence d’un enfant, etc.
- Interdiction de la demande de certificats médicaux de non contre indication par tous les organismes (salle de sport, club de pétanque, cours de yoga, organisateurs de courses à pied, etc.) qui le plus souvent en exigent un par an si possible datant de moins de trois mois. Pour un marathon de Paris ce seraient par exemple 57.000 consultations gagnées,
- Interdiction de tous les certificats d'absence scolaire, universitaire, grandes écoles et certificat pour les assurances, etc.,
- Campagnes de communication et d’information régulières pour informer sur les critères permettant d’éviter une consultation pour les pathologies bénignes courantes (rhumes, gastros, etc.),

« Nous perdons tous les jours notre temps et notre énergie dans un nombre considérables de consultations inutiles. Faîtes disparaître ces obligations absurdes. Et nous serons disponibles, dès demain, pour recevoir plus de patients … qui ont besoin de nous », conclut la pétition.

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