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Selon le dernier baromètre CSA-Aprifel, seuls 6 % des professionnels de santé mentionnent les fruits et légumes pour prévenir les maladies cardiovasculaires, et 8 % pour la prévention de l’obésité. Le paradoxe est saisissant : alors que 94 % des médecins affirment donner des conseils nutritionnels à leurs patients, moins d’un sur deux – précisément 49 % – cite spontanément les fruits et légumes comme un levier de prévention des maladies chroniques.
Et pourtant, l’efficacité de ces recommandations ne fait aucun doute. Consommer quotidiennement cinq portions de fruits et légumes pourrait permettre d’éviter 3,9 millions de décès chaque année dans le monde, en réduisant les risques d’hypertension, d’AVC et de diabète de type 2, selon les chiffres de l’OMS.
Pourtant, presque tous les médecins admettent leur importance
Difficile de comprendre ce décalage entre la connaissance et la pratique. 85 % des médecins reconnaissent l’intérêt nutritionnel des fruits et légumes — pour leurs fibres, vitamines, minéraux et antioxydants — mais cette connaissance ne se transforme que trop rarement en recommandation concrète en consultation.
Jean-Michel Lecerf, médecin nutritionniste à l’Institut Pasteur de Lille, résume parfaitement ce paradoxe : « Le rôle de l'alimentation pour la santé est connu et reconnu aussi bien par les médecins que par une majorité de la population. Le message "manger au moins 5 portions de fruits et légumes par jour" est lui aussi bien identifié. Pourtant, la place exacte des fruits et légumes dans la prévention des maladies chroniques — notamment des maladies cardio-métaboliques — n'est que très rarement évoquée. »
Jean-Michel Lecerf estime que ce paradoxe est lié au fait que le rôle des fruits et légumes dans la prévention reste ignoré. Il souligne qu’il est essentiel de comprendre pour pouvoir agir, et donc de savoir. Selon lui, mieux connaître les mécanismes impliqués dans ce rôle protecteur, ainsi que les constituants bénéfiques présents dans les fruits et légumes, passe par une meilleure information du public et par la formation des médecins.
L’urgence d’une formation nutritionnelle
Il y a urgence à combler ce vide dans les cabinets médicaux. Une étude publiée en 2022 dans le BMJ Nutrition révélait que seulement 20 % des médecins généralistes européens estiment avoir reçu une formation satisfaisante en nutrition clinique. Ce manque de formation initiale et continue semble être l’un des principaux freins à l’intégration systématique des conseils nutritionnels, et en particulier des recommandations sur les fruits et légumes, dans la pratique médicale quotidienne.
Aprifel alerte et se positionne comme un acteur relais, en proposant aux soignants des outils pédagogiques, des fiches pratiques et des synthèses scientifiques, afin de mieux les accompagner dans l’intégration des enjeux nutritionnels dans leurs consultations.
Face à la progression constante de l’obésité — près d’un adulte sur deux en France est en surpoids, dont 17 % en situation d’obésité — et à l’explosion mondiale de cette pandémie silencieuse, le cabinet médical doit redevenir un lieu central de la prévention. La prescription nutritionnelle, et notamment la consommation de fruits et légumes, doit être aussi systématique que le dépistage ou la vaccination.
Il n’est plus temps d’ignorer ce levier de santé publique. Le diagnostic est posé. Reste désormais à ce que la prescription suive.
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