Médecin sentinelle : rougeole, les coulisses d’une chaîne de contamination

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Fin mars, Santé publique France alertait sur l'épidémie de rougeole dans le pays. Dr France Dupuy, médecin généraliste et spécialiste en veille sanitaire depuis 2020 à l’ARS Nouvelle Aquitaine, nous partage les coulisses du système de surveillance de la rougeole, maladie extrêmement contagieuse, pour écarter toute crise épidémique !

Médecin sentinelle : rougeole, les coulisses d’une chaîne de contamination

Dr France Dupuy, médecin sentinelle à l'ARS Nouvelle-Aquitaine.

© DR.

Un signalement, une course contre la montre

Lorsqu'un médecin généraliste, un biologiste ou un médecin hospitalier suspecte un cas de rougeole, tout s’enclenche rapidement. Et pour cause, la rougeole fait partie des affections les plus contagieuses qui existent. Elle peut infecter jusqu'à 20 personnes non immunisées par simple contact. Le risque de complications, parfois mortelles, nécessite une surveillance particulière.

En charge d’assurer la veille sanitaire à l’échelon régional à l’ARS Nouvelle-Aquitaine, trois médecins et trois pharmaciens travaillent ensemble pour confirmer le diagnostic et mettre en place un suivi rapide et efficace. « Notre première mission est de valider le diagnostic grâce à des examens appropriés, comme un prélèvement salivaire, et de conseiller les professionnels de santé sur les protocoles à suivre » détaille France Dupuy.

Identifier et protéger les contacts 

Dès qu’un cas de rougeole est confirmé, il faut agir vite. « Le virus reste suspendu dans l’air même deux heures après le passage du malade. En milieu collectif comme les crèches ou les salles d’attente, il faut retrouver toutes les personnes exposées » alerte France Dupuy. 

L’ARS agit en étroite collaboration avec le patient et son entourage. « Nous vérifions le statut vaccinal du patient et nous identifions les personnes vulnérables en contact avec lui : les femmes enceintes, les nourrissons ou les personnes immunodéprimées par exemple », poursuit la médecin. Pour les personnes non-immunisées, plusieurs stratégies sont possibles : une vaccination en urgence ou sinon, pour les plus fragiles, l’administration d’immunoglobulines.

« A ce jour, il n’existe pas de thérapeutiques autres que symptomatiques mais c’est une maladie qu’on peut éviter par la vaccination. Il faut avoir reçu deux injections du vaccin pour être couvert. Malheureusement certaines populations n’ont pas bénéficié de la 2e dose vaccinale » précise la praticienne.

Un suivi rapproché et au-delà de la région

« Il faut compter environ 15 jours d’incubation pour le virus de la rougeole. On se donne une petite marge supplémentaire mais passé ce délai, la chaine de transmission est généralement maitrisée. Pour une épidémie, c’est plus complexe. La dernière date de 2018 en Nouvelle Aquitaine où de nombreux jeunes adultes sous-vaccinés avaient été touchés par la maladie. »

Depuis l’épidémie de rougeole de 2018, qui avait malheureusement entrainé deux décès, la surveillance s'est renforcée grâce, notamment à d’importantes campagnes de vaccinations et de contrôle du statut vaccinal sur le terrain. 

Et avec des cas récemment importés du Maroc, la vigilance est de mise en Nouvelle-Aquitaine et même au-delà, puisque le virus voyage et peut se propager partout. Aussi, les patients infectés sont suivis de près, en étroite coordination entre les ARS afin d’éviter des contaminations en chaîne sur le territoire national. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/la-consult-de-france-dupuy-reactivite-apprentissage-et-diversite-cest-ce-qui-qualifie-mon

« Notre rôle est d’assurer une information auprès des médecins libéraux et des établissements de santé et de renforcer les actions de vaccination. Nous ne sommes surtout pas dans une logique punitive. On informe, on prévient et on accompagne pour protéger les plus vulnérables » conclut France Dupuy. 

- Une médecin sentinelle rencontrée grâce à l'ARS Nouvelle-Aquitaine
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