Les salariés de l’EFS en grève pour une revalorisation de la profession

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La goutte (de sang) qui fait déborder le vase. L’EFS ne cesse d’alerter sur l’état de ses stocks, très bas, de produits sanguins. Pour l’intersyndicale de l’EFS (qui regroupe la CFDT, FO et SNTS-CFE-CGC), elle est principalement due à un manque de personnel : des postes vacants et des recrutements difficiles à cause d'une revalorisation insuffisante des postes. Un appel à la grève a été lancé du 2 au 5 novembre.

Les salariés de l’EFS en grève pour une revalorisation de la profession

Les salariés de l’Établissement Français du Sang sont en grève du 2 au 5 novembre. « En novembre 2020, nous avions fait un premier mouvement de grève important. L’EFS a été écarté des mesures du Ségur de la santé. Depuis, il n’y a eu aucun changement, alors on a maintenu la pression. On a recommencé en juin en bloquant le dialogue social avec notamment le comité central », témoigne Annick Venzal, Déléguée syndicale centrale, syndicat FO EFS, adjointe technique sur le plateau technique de préparation.

Du côté de l’EFS, le mouvement social est dur à encaisser. « La direction (…)  déplore le timing de cette grève dans une période où l’activité de l’établissement est importante et les réserves faibles. La direction de l’établissement a annoncé dans le courant de l’été, après accord de ses ministères de tutelle, une revalorisation salariale importante qui est en cours de déploiement », nous précise l’établissement.

Concernant cette revalorisation salariale pourtant, du côté des syndicats, c’est un goût amer qui reste. Cette augmentation, de 183 euros, ne concerne « que 40% du personnel. Les médecins ou encore les chauffeurs n’en ont par exemple pas bénéficié ». Toutes les professions ont donc été appelées à la grève pour contester cette différence.

Autre point de tension, un manque de personnel important. « Tous les métiers en tension, on a besoin de médecins, d'infirmiers, de biologistes, de techniciens de labo...», ajoute Annick Venzal. 

L’EFS est d'accord sur le manque d'effectif, tout en le nuançant. « L’EFS connait de réelles difficultés de recrutement de médecins, infirmiers, techniciens de laboratoires comme l’ensemble du secteur de la santé en France : les postes sont ouverts et vacants. Pour illustration, nous avons actuellement environ 200 postes à pourvoir sur ces métiers sur l’ensemble du territoire national. La direction partage le constat des organisations syndicales de besoin d’effectifs supplémentaires mais rappelle que cette situation n’est pas liée à des décisions politiques mais bien à des difficultés de recrutement : les postes sont ouverts et restent vacants », poursuit l'EFS. 

 Ce à quoi Annick Venzal rétorque : « il manque de nombreux postes pour fonctionner, mais si le salaire ne suit pas et que les conditions de travail ne sont pas optimales, on ne peut pas recruter ou les salariés démissionnent. Il faut commencer par proposer des conditions de travail meilleures. Il y a un manque d’attractivité salariale et quand on arrive à embaucher, les gens repartent. Par exemple, normalement la planification se fait sur 8 semaines et là en réalité, c’est à peine sur une semaine avec des changements de planning de dernière minute », déplore Annick Venzal. 

Des répercussions sur les dons

« Au moins 100 collectes sont annulées chaque année par manque de personnel. Cela devrait alerter les tutelles. On fait les appels aux dons, mais il y a tellement peu de personnel que pour 100 donneurs, on ne peut pas mettre assez de médecins et d’infirmières, les gens attendent, ne comprennent pas. C’est très inquiétant pour l’établissement », ajoute la syndicaliste.

« On s’est rendu compte avec la crise Covid, qu’il faut planifier les choses. Cela a débouché sur la mise en place de ‘rendez-vous don de sang’. Mais nous, en tant qu’organisation syndicale, nous ne sommes pas contents. On met en place ça et on déplace les rendez-vous, on en prend entre-deux, on a du retard... Certains donneurs ont un planning serré. Donc on perd des donneurs parce que nous n'avons pas les équipes nécessaires pour une bonne collecte », poursuit la syndicaliste.

« L’EFS travaille à des améliorations des conditions de travail (à travers par exemple la modernisation de la collecte), l'amélioration des parcours professionnels (avec la téléassistance médicale en collecte, qui donnera plus de responsabilité aux infirmiers qui le souhaitent) en lien avec ses ministères de tutelle », précise quant à lui l’établissement.

« On est soutenus par nos directions, qui sont confrontées à ces difficultés, elles ont demandé des solutions aux tutelles mais on ne leur donne pas les moyens de régler le conflit », déplore Annick Venzal.

Une mobilisation symbolique

Dans les faits, il n’y aura pas de foule qui battra le pavé. « Afin de ne pas prendre de risque pour l’autosuffisance, les personnels dont l’activité est nécessaire pour le bon fonctionnement de la chaîne transfusionnelle ont été assignés, permettant d’assurer une prise en charge sécurisée des patients », ajoute l’EFS. 

Ce qui entraine une réorganisation du mouvement. « On a lancé une pétition en ligne pour faire parler de nous. Car vu le nombre de personnes assignées, il ne pourra pas y avoir de grand rassemblement. Il faut faire attention à bien se déclarer gréviste même si l’on est assigné, pour pouvoir comptabiliser », explique Annick Venzal. « Mais l’EFS, c’est comme à l’hôpital, malgré les mauvaises conditions, on accepte de travailler, d’enchainer le jour et la nuit. La conscience professionnelle est très importante car on sait qu’il y a un malade au bout. »

Les revendications syndicales

« On demande que l’application des 183 euros le soit aux 9000 salariés de l’EFS, aujourd’hui c’est moins de la moitié. Derrière, cela permet de pourvoir les postes vacants plus rapidement si on améliore en parallèle les conditions de travail. On demande également une ouverture des négociations sur les classifications. Aujourd’hui, on est basé sur une augmentation individuelle à la main de la direction. On préfèrerait des grilles et augmentations régulières, la direction nous a répondu favorablement mais ne dispose pas d’enveloppe. Il faut donc revoir le système », conclut Annick Venzal.

 

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