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L'opération « un médecin près de chez vous » s'est déployée à Saint-Just-en-Chevalet, pour la première fois en région Auvergne-Rhône-Alpes. Mesure phare de l'ex-Premier ministre François Bayrou contre les déserts médicaux, cette « mission de solidarité » devait au départ être obligatoire pour les médecins des zones bien pourvues.
Le gouvernement a depuis rétropédalé et le dispositif a commencé à être mis en place en septembre sur la base du volontariat. À Saint-Just-en-Chevalet, cinq généralistes installés dans d'autres zones assurent une permanence médicale tournante les mercredis et vendredis.
Scotchée sur la porte d'entrée de la Maison de santé, une affichette promeut la reprise des consultations interrompues par le départ du dernier praticien en juillet. « Une solution temporaire jusqu'à l'installation de nouveaux médecins », précise-t-elle.
« Ça fait deux ans que je n'ai pas vu de médecin », confie Marie-Christine Chaux, 65 ans, dans la salle d'attente. Comme elle, une vingtaine de patients ont réussi à décrocher dans la journée une consultation avec le Docteur Rénald Roux.
Dans le journal, « j'ai vu que Saint-Just avait des médecins qui arrivaient. Donc j'ai tenté ma chance et j'ai été prise », ajoute la retraitée, qui a parcouru 25 km en voiture pour son « contrôle de routine ».
Une bulle d’oxygène
Janine Bournez-Depart, 85 ans, se déplace péniblement avec une canne et glisse malicieusement avoir « pleins de pathologies » du fait de son âge. Pour elle, « c'est plus pratique. Et puis, ça sécurise » d'avoir « quelqu'un de présent » pour l’« écouter » et la « soigner ».
Près de 20 % des résidents de Saint-Just-en-Chevalet « sont âgés de plus de 75 ans, plus ou moins mobiles », explique la maire de la commune, Emmanuelle Barlerin. Pour elle, l'arrivée des volontaires, « c'est une bulle d'oxygène » qui répond à « l'angoisse » et « au besoin » de ses administrés.
S'il n'y a pas « de date limite », « ce qui pourrait mettre en difficulté le dispositif, c'est qu'on ait des médecins qui ne souhaitent plus venir ou qu'on n'ait pas assez de médecins », reconnaît-elle.
Au niveau national, le gouvernement promet le déploiement progressif de volontaires dans 151 intercommunalités prioritaires, dont 17 en Auvergne-Rhône-Alpes, et leur offre une prime de 200 euros par jour.
Mais dans la région, seuls vingt médecins parmi les 6 000 enregistrés sur le territoire se sont déclarés candidats depuis le lancement du dispositif, selon l'Agence régionale de la Santé (ARS).
« C'est difficile. On le savait, mais c'est pour ça qu'il faut laisser aussi un petit peu de temps », déclare Yann Lequet, directeur délégué à l'offre de soins à l'ARS.
Des débuts encore fragiles
« Bien conscient » de l'existence de « zones sous-médicalisées », le Docteur Rénald Roux, 54 ans, s'est porté volontaire « avant tout pour rendre service à la population ». Mais aussi « pour varier un petit peu d'activités », avec des pathologies un peu différentes de Brignais, dans la banlieue de Lyon, où il exerce habituellement.
Mais le praticien se donne « quatre semaines pour prendre une décision définitive » afin de « s'engager à plus long terme » sur ces consultations situées à 120 km de son cabinet.
Interrogés par l’AFP, les représentants de médecins généralistes restent très dubitatifs à l'égard des premières tentatives réalisées ici et là.
Depuis septembre, il n’y a « pas d’évolution », les ARS enregistrant toujours très peu de candidats et beaucoup de freins techniques non résolus, selon Luc Duquesnel, président du syndicat des généralistes CSMF.
Certains retours sont « caricaturaux » : médecin venu sur place mais pour se retrouver face à « aucun patient ou presque », « absence de logiciel » pour traiter les données médicales stockées sur « des fiches carton », signale la présidente du premier syndicat des généralistes libéraux, Agnès Giannotti.
Ce n'est pas le cas dans la Loire, où le suivi des patients est assuré par un logiciel informatique et les premiers carnets de rendez-vous sont bien remplis.
Avec AFP
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