Les généralistes commentent la loi Rist : « J’ai déjà fait de la médecine dans un dispensaire avec les infirmiers qui faisaient des consultations, c’était en Afrique il y a 30 ans. »

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« Rist, Rist arrête le hors-piste ! » Ils étaient nombreux hier à battre le pavé contre la loi Rist, en pointant le problème du transfert des connaissances. Les médecins généralistes ont partagé leur inquiétude et leur colère. Pendant que le Senat votait la loi…

Les généralistes commentent la loi Rist : « J’ai déjà fait de la médecine dans un dispensaire avec les infirmiers qui faisaient des consultations, c’était en Afrique il y a 30 ans. »

Hier ils étaient nombreux à se dresser tel un seul homme contre le transfert de compétence« J’ai déjà fait de la médecine dans un dispensaire avec les infirmiers qui faisaient des consultations, c’était en Afrique il y a 30 ans» raconte Didier Anne, médecin généraliste qui exerce depuis 50 ans.

« Nous sommes super inquiètes sur l’avenir de notre profession » expliquent Fanny et Stéphanie, deux médecins généralistes à Porte de Vanves venue manifester sans grande conviction que les choses changent pour autant.

Un sentiment de mépris se fait de plus en plus ressentir chez les praticiens présents. Fanny reprend « nous allons vers une médecine bradée. Nous avons fait des études suffisamment longues pour avoir des compétences, des connaissances. Aujourd’hui elles ne sont plus considérées, elles sont même méprisées. Très peu de médecins souhaitent s’installer car la profession est devenue peu attrayante. Il y a beaucoup de départs en retraite sans renouvellement. »

« Un infirmier qui va renouveler un traitement pour une hypertension, va créer du lien mais il est aussi important pour nous d’avoir ce lien avec le patient, pour faire de la prévention… »

On va faire appel à nous comme une espèce d’outil, de connaissance et de savoir

« Dans notre travail il est important d’avoir un lien avec le patient sinon cela va mener à une perte de sens de notre métier. Normalement nous voyons nos patients dans la joie, dans la douleur, nous annonçons parfois des diagnostics difficiles. La relation se construit au fur et à mesure des consultations. Si on enlève les tâches qui semblent les moins complexes. Il n’y aura plus toute cette relation. C’est pour cela que le gouvernement avait mis en place les médecins traitants. Nous sommes au carrefour de tous les médecins spécialistes. »

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De plus « certaines de nos tâches vont être données à des infirmiers qui ont leur boulot, leurs compétences qui ne sont pas les mêmes que les nôtres, qui n’ont pas les mêmes connaissances et cela nous inquiète, on trouve cela injuste.  Par exemple s’il doit modifier un traitement pour l’hypertension, l’infirmier sait prendre la tension, mais il ne sait pas forcément rechercher les signes d’insuffisance cardiaque. Il ne sait pas forcément qu’un patient qui fait de l’hypertension et par ailleurs asthmatique ne doit pas prendre telle famille de médicaments. À ce moment-là, en cas de doute, ils vont faire appel à nous. Donc nous n’avons plus de lien avec le patient, et on va faire appel à nous comme une espèce d’outil, de connaissance et de savoir. Je n’ai pas envie de donner ma connaissance alors qu’il n’y a pas de lien avec le patient. »

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