Le médecin, un filet de sécurité pour accompagner l’arrêt du tabac

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Arrêter de fumer, c’est un peu comme entamer l’ascension d’un mur d’escalade, selon le Pr Yves Martinet, président du Comité National Contre le Tabagisme. C’est compliqué et on peut tomber et repartir à zéro, mais avec l’aide d’un assureur, pour tenir la corde et le guider, c’est possible. Et pour ce soutien, c’est vous professionnels de santé qui êtes en première ligne.

Le médecin, un filet de sécurité pour accompagner l’arrêt du tabac

Lutter, une consultation à la fois. Accompagner ses patients dans une décision d’arrêt est devenu une priorité médicale importante. D’après l’eurobaromètre 2021 en France, 28% de la population de plus de 15 ans fume, contre une moyenne de 23% en Europe. 

En parallèle, Santé publique France a publié des données concernant la mortalité due au tabagisme en fonction des régions en 2015, illustrant des disparités sur le territoire. L’occasion aussi de rappeler que le tabac reste un fléau en France. « Les causes les plus fréquentes des décès attribuables au tabagisme sont les cancers avec plus de 45 000 décès suivis par les maladies cardiovasculaires (plus de 17 000). Au niveau national, les cancers représentent ainsi 61,7% des décès attribuables au tabagisme », rappelle l’institution sur son site internet.  
 
Et pour mener ce combat contre le tabagisme, les professionnels sont les poids lourds à faire entrer sur le ring. « C’est une responsabilité médicale. La consommation de tabac est un facteur de risque pour la santé au même titre que diabète ou hypertension artérielle. C’est la cause de mortalité prématurée évitable la plus importante », précise Yves Martinet. « Le médecin se doit d’interroger le patient sur sa consommation, quel que soit le motif de la consultation. »
 
Le tabac est dangereux pour la santé. Ce fait est établi et bien ancré dans l’esprit collectif, y compris celui des fumeurs. « Mais les gens ne savent pas à quel point c’est dangereux quantitativement et le nombre de maladies liées au tabac. Il y a les cancers du poumon et de la gorge qui sont connus, celui du pancréas et de la vessie le sont moins. Il en va de même pour les maladies cardiovasculaires », précise l’expert. « On ne sait pas non plus que le tabac est nocif dès la première cigarette. Fumer une cigarette par jour, chez la femme augmente de 45% le risque d’infarctus ou d’AVC. Le tabac c’est tolérance 0, voilà le message qui doit passer ».
 
Pour faire passer ce message, Yves Martinet détaille l’accompagnement en 4 temps :

  • 1 - S’intéresser au tabagisme du patient : Est-ce qu’il fume ? A-t-il décidé d’arrêter ? Où en est-il dans cette décision ?
  • 2 - Le conseil d’arrêt : « il a été démontré scientifiquement que le conseil d’arrêt est efficace » ;
  • 3 - Faire évoluer la motivation du fumeur : lui parler de sa motivation, de ce qu’il va gagner et perdre en se sevrant, dédramatiser un éventuel échec ;
  • 4 - Aider le fumeur à arrêter : en prescrivant des substituts nicotiniques, en mettant en place un sevrage progressif dans le but d’arrêter ensuite totalement… 

« Il faut travailler la motivation et l’amener à arrêter. Cela peut prendre du temps, 1h, 1 semaine, 1 mois ou parfois plus. Mais il ne faut jamais baisser les bras. On en discute à chaque fois ».

Autre facteur de réussite, la transparence. « Il faut être honnête et dire que c’est quelque chose de difficile et que ça prend généralement plusieurs essais pour y arriver. La nicotine est la drogue la plus dure sur le marché. Ce n’est pas un problème de volonté. On peut comparer l’arrêt du tabac au fait d’être devant un mur d’escalade. Le fumeur va faire l’effort pour arrêter mais le médecin va le guider sur la prise à prendre, le geste à faire. L’accompagnement et les traitements médicamenteux sont des soutiens pour contrôler le manque », explique Yves Martinet.

Quant au rendez-vous chez un tabacologue, il n'est pas systématique. « Si le médecin traitant se sent capable d'accompagner cet arrêt, il est tout à fait qualifié pour le faire. Il peut orienter vers un spécialiste s’il estime qu’il n’y arrive pas, que la situation est trop cpmpliquée en raison d'une comorbidité, ou d'une consommation d’alcool ou de drogue ».
 
Et si le patient refuse ? « Parfois ce n’est pas le bon moment. On retombe dans la case 3, inutile de le braquer, on en reparle la fois d’après. On dit les choses et on laisse mûrir et on reprend jusqu’à ce qu’on finisse par y arriver ».
 

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