L’accueil familial au lieu de l’Ehpad, une alternative trop méconnue

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Moins de 5 000 personnes âgées en perte d'autonomie sont hébergées en France chez un "accueillant familial", un chiffre modeste qui s'explique notamment par le caractère méconnu de ce dispositif.

L’accueil familial au lieu de l’Ehpad, une alternative trop méconnue

© IStock 

Au total, on compte un peu plus de 8 400 accueillants familiaux au niveau national (chiffre qui a chuté de 10% en trois ans), et environ 13 000 accueillis (-7,6% en trois ans), selon les chiffres 2022 communiqués par l'IFREP (institut de formation, de recherche et d'évaluation des pratiques médico-sociales).

Mais près de 64% des personnes accueillies relèvent du champ du handicap, et non pas du grand âge. Au final, seuls 4 750 seniors environ sont donc hébergés chez un accueillant familial, une goutte d'eau si on compare aux quelque 600 000 résidents des 7 400 Ehpad.

La profession d'accueillant familial - féminine à 85% - vieillit : près de 80% des accueillants ont plus de 50 ans. "On ne fait pas ça à 20 ans, mais plutôt en seconde partie de carrière", décrypte Olivier Kornprobst, président de la Famidac, association nationale des accueillants familiaux.

"Plutôt qu'un métier, c'est un mode de vie, avec une grande composante humaine, mais beaucoup de contraintes, car on est là en permanence. Si on veut s'absenter il faut trouver un remplaçant, donc c'est compliqué, les gens s'épuisent", ajoute-t-il.

Peu répandu, ce mode d'accueil ne fait cependant pas le plein : officiellement 17 461 places en France, dont un quart ne sont pas occupées, principalement car le dispositif reste largement méconnu des familles, souligne Olivier Kornprobst.

Malgré les difficultés de recrutement, Alexandre Nicolet dit n'avoir aucun mal à trouver les futures accueillantes

Autre obstacle : les personnes désirant se lancer dans cette activité ne disposent pas toujours d'un logement adapté au vieillissement, selon Alexandre Nicolet, co-fondateur de "Mon Senior", une entreprise qui veut justement développer ce concept en construisant des maisons adaptées.

En juin, sa société ouvrira dans l'Ain un premier "hameau" de trois maisons neuves : dans chacune trois seniors vivent au rez-de-chaussée, où ils disposent chacun de leur salle de bain avec douche de plein pied, tandis que leur accueillante vit avec sa famille à l'étage. Une accueillante peut ainsi s'absenter brièvement - par exemple, pour faire les courses -, et compter sur le relais des deux autres. Une trentaine d'autres "hameaux" similaires doivent ouvrir d'ici fin 2024 en Auvergne-Rhône-Alpes.

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Malgré les difficultés de recrutement dans un secteur qui propose habituellement des salaires très bas, Alexandre Nicolet dit n'avoir aucun mal à trouver les futures accueillantes, qui ont le statut de travailleur indépendant. Avec trois personnes accueillies, elles peuvent en effet espérer gagner 3 600 euros mensuels net.

Audrey Jaquet, qui accueille une seule vieille dame à temps plein, confie de son côté gagner plus de 2 000 euros net : "cela ressemble au statut d'autoentrepreneur". Si l'unique personne accueillie s'en va, "on n'a pas droit au chômage".

Avec AFP

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