La mort des autres

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Ciné week-end: Chronic, de M. Franco (sortie le 21 octobre 2015)

La mort des autres

Curieuse, mais réelle, gêne que celle ressentie au sortir de Chronic, film austère et minimaliste orchestré par un réalisateur plus obsédé par ses cadrages que soucieux d'être un vecteur émotionnel. Why not? Steve McQueen (Shame, Hunger...) avant lui a prouvé qu'une mise en scène dépouillée et extrêmement recherchée pouvait transmettre un message fort en l'absence, ou presque, de jeu expressif à la Actor's Studio et de scénario. Justement, quelle drôle d'idée d'avoir récompensé ce film, à Cannes, d'un prix du scénario! Car c'est bien le déroulé et le contenu de l'histoire qui nous ont empêché d'y adhérer...

Dave est un infirmier solitaire et obsessionnel qui ne semble pouvoir s'épanouir qu'au contact de ses patients. Spécialisé dans les soins au domicile de patients dans un état grave voire terminal, il est apprécié pour sa disponibilité et son investissement affectif. Pourtant, la façon dont il accomplit sa fonction suscite un malaise croissant. Ou plutôt la façon dont il la vit. Car si le contact et les gestes, minutieusement et esthétiquement décrits, sont professionnels et humains, la tendance à s'inventer une vie par procuration par l'intermédiaire de ces personnes souvent mourantes dérange. Et rappelle le portrait de l'espion de la Stasi obsessionnel et tenté par le parasitisme psychique dans le film La Vie des Autres. 

La comparaison, hélas, s'arrête là, car ce sillon intéressant est abandonné aussitôt creusé quand, suite à la plainte d'une famille de patient, Dave - incarné par un Tim Roth en sous-régime - retourne vivre auprès des siens. Le mystère se dissipe un peu trop rapidement et le récit bifurque vers une direction autant prévisible que simpliste, faussement dynamité par une fin outrancière.

En conclusion, Chronic constitue une expérience difficilement supportable nous laissant sur une impression de profond gâchis. Le sujet, que nous développerons dans le prochain WUD, méritait pourtant mieux....

Source:

Guillaume de la Chapelle

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