
© Midjourney X What's up Doc
What’s up Doc : Quel public visez-vous avec l’ANDDE ?
Mikaël Agopiantz : Les accompagnements à la parentalité par AMP avec don en France ne correspondent pas aux standards occidentaux, et ce depuis des décennies. Donc, nous voulons avoir une visée universaliste parce qu'on s'adresse à tous les professionnels de santé (médecins, pharmaciens, gynéco, biologistes) qu'ils soient issus de centres publics ou privés.
On parle aussi à tous ceux qui peuvent être bénéficiaires de cet AMP, et plus simplement à ceux que ce sujet intéresse. On ne va pas se cantonner à la simple vision des médecins. On peut aller regarder, prendre les bonnes idées dans d’autres corps de métier. En droit, en psychologie, en sociologie, en anthropologie, il y a des regards différents sur la parentalité et aussi sur la maternité/paternité avec don.
C’est important d’intégrer ces perspectives, parce que ça donne une expertise multifacette à l’intérieur même de l’association.
Pourquoi la France « ne correspond pas aux standards occidentaux » selon vos mots ?
M.A. : La France est en retard en termes de délais, de maillage territorial, d'inclusivité des accompagnements, de techniques médicales. Il y a encore beaucoup de choses à faire sur le plan législatif avec la loi bioéthique par exemple.
La France est assez restrictive vis-à-vis du don de gamètes, moins depuis la PMA pour toutes. Mais il y a encore du chemin : on n’a pas le droit de faire du don dirigé, du don non-anonyme, d'indemniser les donneurs (alors qu'on indemnise dans le cadre de la recherche clinique).
Je pense que c’est une erreur d'avoir calqué le don d'engendrement sur le fonctionnement du don du sang. C'était probablement quelque chose de très intéressant pour rendre acceptable le don de gamète dans les années 70. Mais c’est dépassé.
Quels sont les objectifs de l’ANDDE, à court et moyen terme ?
M.A. : Le premier objectif, c’était de créer la structure en elle-même. Deuxièmement étape : la publication de la tribune inaugurale pour nous faire connaître. Aujourd’hui, on débute une séquence pérenne où on va travailler intensivement sur nos objectifs. On veut formuler des propositions dans le cadre législatif et réglementaire, et s'intéresser aux pratiques locales pour accompagner les professionnels au mieux.
Aussi, nous voulons développer un axe de recherche transdisciplinaire (médecins, patients et chercheurs en sciences sociales) et un axe formation pour enseigner aux plus jeunes les bonnes pratiques.
Qu’espérez-vous obtenir à l’avenir, en tant qu’association ?
M.A. : D’ici dix ans, on espère avoir eu un impact de manière durable en faisant évoluer les pratiques, diminuer les temps d'attente, et améliorer le ressenti des futurs parents.
Après, l’idéal ce serait de parvenir à ces objectifs plus rapidement !
« Il est important pour nous, médecins, d'abattre les barrières entre le guide social et le guide médical. »
Quel rôle doivent jouer les médecins pour faciliter l’AMP ?
M.A. : Il est important pour nous, médecins, d'abattre les barrières entre le guide social et le guide médical. Il faut se recentrer sur le projet parental. Quelle que soit la situation, quel que soit le type d'accompagnement qui va être proposé (pathologique ou non), l'objectif des personnes concernées c'est d'avoir un enfant. Rien d'autre. Il faut aussi que nous pensions à proposer un accompagnement psychologique. En bref, il faut dépathologiser l’AMP.
Selon vous, faudrait-il introduire cette notion dans le cursus des études de médecine ?
M.A. : Oui. Il faudrait intégrer le concept de dépathologisation dès le deuxième cycle d’études. C’est un sujet important dans mon domaine, mais pas que. Par exemple, lorsqu’un médecin généraliste accompagne une transition de genre : on n'est pas dans le pathologique. La personne n’est pas malade. Elle a juste besoin de notre expertise médicale dans le cadre d'un projet de vie. C’est quelque chose qu’on retrouve dans l’AMP, mais dans d’autres cas aussi. Apprendre à ne pas tout envisager par le prisme de la pathologie ferait de meilleurs médecins.
Si vous souhaitez rejoindre l’association : contact@andde.fr