Fausse-couche : comment mieux accompagner l’après ?

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15% de grossesses se terminent en fausse-couche dans le monde. Et malgré cette fréquence, l’accompagnement des femmes reste encore insuffisant selon un rapport publié dans The Lancet. WUD a demandé au Dr Marie Ceccarelli, médecin généraliste spécialisée dans le suivi de l’endométriose et co-fondatrice de la web app Easy Endo, comment améliorer ce suivi.

Fausse-couche : comment mieux accompagner l’après ?

Une femme sur dix. 15% des grossesses. Des chiffres qui témoignent de la fréquence des fausses-couches, et pourtant, le suivi de la femme dans cette épreuve semble encore en retard.

Ce constat a été fait par des chercheurs dans un rapport publié dans la revue The Lancet. Le rapport, commandé par le Tommy's National Centre for Miscarriage Research, organisme caritatif britannique.

Pour ce rapport, les scientifiques ont épluché des dizaines d’études menés dans le monde entier et portant sur ces 20 dernières années. Les auteurs pointent du doigt un accompagnement souvent insuffisant voire défaillant des femmes et recommandent que chacune puisse bénéficier d’un suivi minimum comprenant soutien et conseils.

En pratique, comment améliorer notre approche ? « La fausse-couche est encore un peu tabou, c’est la grande crainte de pas mal de femmes mais on n’en parle pas trop par exemple entre mères et filles, alors que cela fait partie de la vie », regrette Marie Ceccarelli.

« En pratique, il y a plusieurs situations différentes, celle déclarée à domicile par des saignements, des douleurs et qui poussent la patiente à aller aux urgences. Le diagnostic est fait puis elle rentre sans accompagnement psychologique. Le deuxième cas de figure est celui de la fausse-couche décelée lors d’une échographie de contrôle, il y a alors un petit temps d’explication, on est moins dans l’urgence mais une fois qu’elle a eu lieu, il n’y a pas de suivi proposé ou mis en place. Lors de sa consultation de contrôle, elle peut demander un accompagnement. »

Pour se remettre après cette épreuve, la médecin prescrit un arrêt de travail pour se reposer physiquement, surtout en cas de perte de sang importante et conseille de prendre le temps de demander à sa patiente comment elle vit cela psychologiquement, de voir ensemble si elle a besoin d’un soutien par un professionnel pour surmonter cette épreuve, si son conjoint lui apporte du soutien voire s’il a besoin d’aide aussi.

« Si c’est une fausse couche pour une première grossesse, elle est souvent accompagnée par la peur de pas être capable de mener à terme une grossesse. Il est donc bien de prendre un moment pour la rassurer, lui rappeler les chiffres. Car d’un point de vue médical, on ne commence à s’inquiéter qu’à partir de 3 fausses couches, ce qui concerne un nombre moins important de femmes », rappelle Marie Ceccarelli.  

L’accompagnement par le professionnel concerne également la grossesse suivante : « C’est souvent une source de stress, il faut être présent, bien l’entourer, qu’elle ait des pensées positives. »

Concernant les paroles abruptes qui ont pu être dénoncées par certaines femmes, notamment sur les réseaux sociaux, pour Marie Ceccarelli « c’est une question de personnalité, on est formés à l’annonce, à faire preuve de psychologie, mais ça prend du temps, il faut avoir envie de prendre ce temps de les accompagner sur le plan psychologique. Sans oublier qu’il existe des personnes de nature plus ou moins empathique ».

Concrètement comment améliorer le suivi de la fausse couche ? « Cela pourrait être intéressant de mettre en place un protocole, pour uniformiser la prise en charge, intégrer des consultations aux urgences pour un accompagnement psychologique, ce serait une avancée. Pour le côté psychologique, cela pourrait être d’insister sur cela dans les stages en pratique, aux urgences, montrer l’exemple de ce qui est le mieux pour la patiente. Aujourd’hui les urgences sont débordées et donc un peu déshumanisées, c’est important pour les médecins seniors de montrer l’exemple. Et il est toujours bon de rappeler que le ton et la manière de parler ont un impact ».

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