Episode 2 Triche à la faculté de Versailles : «Je serai plus clément envers ceux qui reconnaissent la fraude»

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Début janvier 2022, les étudiants de 2e année de médecine de l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines étaient suspectés de triche aux examens. Retour sur l’affaire quelques mois plus tard à travers un entretien avec le Doyen de la faculté Djillali Annane.

Episode 2 Triche à la faculté de Versailles : «Je serai plus clément envers ceux qui reconnaissent la fraude»

What’s up doc : Où en est l’affaire après ces quatre derniers mois ?

Djillali Annane : L’affaire est en cours d’instruction, une enquête judiciaire et policière est réalisé. À présent, ce n’est pas dans nos mains. Nous savons qu’il y a eu une triche organisée, certains étudiants en ont convenu. Par contre, au niveau universitaire la partie disciplinaire est un peu plus compliqué.  Malheureusement on ne dispose pas aujourd’hui dans la réglementation d’un cadrage de la prise de sanction disciplinaire collective. Les textes réglementaires imposent la démonstration du flagrant délit. Les académies n’ont pas non plus, rédigé de textes pour gérer la fraude réalisée en distanciel. Je pense qu’il y a un vide juridique qu’il convient de combler très vite.

À présent, savez-vous de quelle façon les étudiants ont-ils triché ?

D. A. : La manière dont ils ont procédé est assez simple. Quand vous avez des QCM avec 60 questions sur lesquels vous devez répondre en 1 heure, si vous êtes mettons 120 étudiants, vous répartissez les questions par groupe de 3 ou 4 étudiants. Vous avez alors une heure pour ne travailler que ces deux QCM et vérifier chaque item. Une plus grande probabilité de réussir. Ensuite chacun poste ses réponses sur un tchat sécurisé. Et Il ne faut pas plus de 15 minutes pour compléter l'examen en entier.

Peut-on trouver un moyen de pallier cela dans le futur ?

D. A. : On ne peut pas contrecarrer facilement cela.  Si on ne donne pas les mêmes questions à tout le monde, certains étudiants pourront dire qu’ils sont tombés sur des questions plus difficiles. Il y a alors un problème d’équité. Et cela nécessite aussi d’avoir une banque de questions extrêmement volumineuses. Il n’y a pas de moyens simples, en tout cas pour l’instant.

Qu’en est-il du devenir des étudiants, le temps de l’enquête ?

D. A. : Pour l’instant, nous avons suspendu toutes les épreuves à distance. En tout cas tant que nous n’avons pas un dispositif qui rende la fraude plus compliquée et moins attractive. La première difficulté n’est pas technique mais d’essayer de faire prendre conscience aux étudiants que les évaluations que l’on fait n’ont pas pour but de les embêter mais au contraire ont pour objet de leur montrer où ils en sont dans l’acquisition des connaissances. On ne les a pas contraints à choisir ce métier, ils l’ont choisi.

Le conseil disciplinaire sera-t-il plus clément avec ceux qui ont reconnu avoir triché ?  

D. A. :  Pour le médecin et le doyen que je suis, je serai plus clément. C’est fondamental de pouvoir reconnaître ses erreurs. Il n’y a rien de plus dangereux qu’un médecin qui ne les reconnaît pas. Il les fera éternellement et nuira à l’autre éternellement. Je suis pour la démarche de transparence. Ceux qui reconnaissent a posteriori font un premier pas vers la prévention de la récidive. Ils ont appris, c’est ce que l’on attend d’un médecin.  

 

 

 

 

 

 

 

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