Empowerment des patients : n'ayez pas peur des nouveaux outils !

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Obtenir un diagnostic avant d'aller consulter, ou un deuxième avis médical... Les patients disposent de plus en plus d'outils pour s'approprier leur santé et s'engager avec pertinence dans leurs parcours de soins. Des solutions parfois mal perçues par les professionnels de santé... et pourtant, bien utiles pour tout le monde !

 

Empowerment des patients : n'ayez pas peur des nouveaux outils !

Le médecin qui sait tout, le patient qui absorbe la bonne parole… C'est tellement XXe siècle. En 2022, cette relation très verticale n'a plus lieu d'être. Autour du patient moderne gravitent de nombreux dispositifs (législatifs, techniques...) pour renforcer son pouvoir, son discernement, sa capacité à faire des choix éclairés pour les décisions concernant sa santé… par rapport auxquelles le médecin n'a plus le monopole.

Un patient pré-diagnostiqué

Il en va ainsi de tous ces outils d'aide à la décision médicale qui ont vu le jour au cours des dernières années, à la fois pour les médecins, mais aussi pour le grand public. « Depuis le début de la médecine, il y a toujours eu des outils créés pour aider les médecins dans le processus diagnostique », rappelle le Dr Antoine Ngemhe Nyope, néphrologue, qui fait partie de l'équipe à l'origine de l'outil d'analyse des symptômes Ada, disponible sur l'appli MySantéclair. « Ces outils visent à accélérer le processus, à démarrer le traitement au plus vite et donc à améliorer le pronostic du patient - le plus connu étant probablement la radiographie. Elle n'a jamais remplacé les médecins. Notre intelligence artificielle ne les remplacera pas non plus ».

En effet, sur cette plateforme, les patients peuvent entrer quelques données (sexe, âge...), déclarer leurs symptômes et répondre à une série de questions spécifiques pour obtenir un prédiagnostic avec la conduite à tenir : automédication, consultation chez un généraliste ou un spécialiste, urgences... « L'algorithme prend en compte les pathologies les plus communes, mais nous avons aussi mis l'accent sur les maladies rares », précise le Dr Ngemhe Nyope. L'outil, fruit d'une collaboration de plus de 10 ans entre 60 médecins et une équipe d'informaticiens, a fait l'objet d'études scientifiques démontrant son efficacité et son intérêt.

A la clé : un parcours de soins fluidifié – le patient s'adressant à la bonne ressource - , avec un recours aux soins (notamment aux urgences) plus pertinent, mais aussi, un gain de temps pour les médecins. « Les spécialistes des maladies rares l'apprécient particulièrement. La plupart des maladies rares sont sous-diagnostiquées et ne viennent pas facilement à l'esprit des praticiens au quotidien », ajoute le Dr Ngemhe Nyope.

Ainsi, l'outil permet d'orienter les patients et les professionnels de santé ; il s'insère dans un processus diagnostic, mais celui-ci reste (et restera toujours !) le cœur du métier du médecin.

 

Un autre avis médical

Autre outil un peu poil à gratter, à première vue en tout cas : le deuxième avis médical. Lui aussi est disponible via la plateforme MySantéclair. Il permet au patient qui vient de recevoir un diagnostic (indication de traitement, de chirurgie...) d'envoyer ses documents médicaux à des spécialistes sur tout le territoire, qui lui fournissent en retour un deuxième avis médical, en prenant en compte les spécificités du patient, les recommandations, les bonnes pratiques...

« C'est notamment utile dans les cas où il y a plusieurs conduites thérapeutiques possibles, par exemple sur des maladies complexes. Ça aide le patient à choisir, à avoir toutes les clés en main. Mais cela nous aide, nous aussi, en tant que médecins », explique le Dr Sylvie Sard-Lechaux, généraliste à Ploufragan (Côtes d'Armor), qui a déjà eu recours dans sa pratique à cet outil avec certains patients.

« On l'a récemment utilisé avec un patient qui avait été opéré d'une fracture de l'humérus. Six mois plus tard, l'os n'était pas consolidé ; le patient avait consulté deux chirurgiens et on lui avait présenté deux options chirurgicales différentes. Il a eu recours à l'outil qui lui a permis de trancher en faveur de la meilleure option ».

Selon le Dr Sard-Lechaux, cet outil peut s'avérer très pratique, notamment pour les généralistes. « Parfois, on ne se sent pas suffisamment compétent, expert ; c'est toujours utile de demander l'avis d'un confrère spécialiste - d'ailleurs, quand on travaille dans un cabinet de groupe, on le fait tout le temps ! Cet outil aide le médecin à avoir la conduite adaptée et lui fait gagner du temps ; c'est aussi une solution concrète et immédiate qu'on peut proposer à un patient en souffrance ».

Autre avantage : optimiser la prise en charge et le parcours de soins, grâce à un service en ligne facilement accessible. « Les patients n'ont pas à se déplacer, ni à attendre des mois pour un rendez-vous avec un spécialiste ; dans des zones sous-dotées, c'est très utile. Par ailleurs, de plus en plus de mutuelles remboursent ce service. Cela renforce l'accès aux soins pour les personnes qui ont des difficultés financières ».

 

 

Un article rédigé en partenariat avec Santéclair

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