Dry January : Un outil pour parler d’alcool aux médecins

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Depuis deux semaines, de nombreux Français se sont lancés dans le Dry January. Un défi de jeûne alcoolique d’un mois qui génère un engouement certain dans la population générale et qui pourrait permettre aux professionnels de santé de s’approprier les connaissances scientifiques sur le sujet.
 

Dry January : Un outil pour parler d’alcool aux médecins

Cela fait maintenant deux semaines que la seconde édition de Dry January a commencé ! Au programme ? Un jeûne alcoolique d’un mois pour aider les amateurs à prendre conscience de leur consommation d’alcool. Une initiative, soutenue par de nombreuses associations françaises, comme la Fédération Française d’Addictologie, la Ligue contre le Cancer ou encore l’Association Addictions France, qui fait de plus en plus d’adeptes. « Au cours de ces premières semaines, nous avons de plus en plus d’inscrits à la newsletter, de plus en plus de téléchargements de l’application Try Dry et de plus en plus de followers sur Facebook », se félicite Mickael Naassila, président de la Société française d’alcoologie et directeur du groupe de recherche sur l'alcool et les pharmacodépendances de l'Inserm.
 
Une contagion sociale qui pourrait toucher les rangs des professionnels de santé. « Le Dry January est un moment où les professionnels peuvent s’approprier les informations scientifiques sur les effets de l’alcool en santé », assure l’expert. Selon lui, nombre d’entre eux seraient en effet trop peu informés sur les conséquences d’une faible consommation d’alcool quotidienne. « Dès qu’on leur parle d’alcool, ils pensent addiction. Au travers du Dry January, on ne parle pas d’addiction mais de consommation à risque », commente-t-il. Nombre de verres maximum par semaine, unité de mesure standard, lien entre alcool et cancer ou encore effet hypertenseur de la boisson… Toutes ces données seraient mal connues des professionnels de santé selon lui. « On ne leur transmet pas les informations scientifiques. », assure Mickaël Naassila qui pilote un groupe de travail chargé de collecter des données sur le sujet. Une faille structurelle qui prendrait sa source dès la formation. « Le niveau de formation sur l’alcool en médecine générale est insuffisant », assure Mickaël Naassila qui rappelle que la pratique de binge drinking est courante sur les bancs de l’Ecole de médecine.
 
Un ensemble de facteurs qui se répercuterait naturellement sur la sensibilisation de la population. « Comment voulez-vous discuter d’alcool avec quelqu’un si vous ne connaissez pas les informations de base ? », s’interroge le Président. Et de poursuivre : « Et s’ils savent comment le prendre en charge, ce n’est pas toujours facile d’aborder la question de l’alcool de manière aussi décomplexée que celle du tabac », ajoute le spécialiste. Peur de faire fuir ses patients, de briser le lien de confiance… Les freins sont nombreux, mais pourraient perdre en puissance face à l’engouement que suscite le Dry January dans la population générale. « Ça va permettre à la fois de décomplexer le discours et de permettre aux médecins d’en parler plus facilement durant leur consultation », assure-t-il.  Des bénéfices qui pourraient se répercuter rapidement sur la santé de leurs patientèles. « Au bout de seulement un mois, plusieurs études ont démontré que la pression artérielle, le taux de cholestérol, le risque de diabète ou le nombre de facteurs de croissance du cancer diminuent », rappelle Mickaël Naassila.
 
Mais également sur les médecins eux-mêmes. « Les généralistes sont au même niveau de prévalence sur l’alcool que la population générale. Ils ne sont pas plus protégés, ce serait même le contraire », assure l’expert.
 

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