Dormir peu et bien : une question d’entra^inement

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Habitués à de très courtes nuits, les skippers du Vendée Globe ont intégré la qualité de leur sommeil comme élément-clé de leur performance. Explications du Dr Jean-Yves Chauve, médecin de la fédération francaise de voile et du skipper Jérémie Beyou.

Dormir peu et bien : une question d’entra^inement

Habitués à de très courtes nuits, les skippers du Vendée Globe ont intégré la qualité de leur sommeil comme élément-clé de leur performance. Explications du Dr Jean-Yves Chauve, médecin de la fédération française de voile et du skipper Jérémie Beyou.

Gardes, urgences, horaires décousus : les médecins se doivent de maintenir une vigilance et une concentration intactes tout en dormant peu, à l’image des skippers du Vendée Globe. Mais comment font ces navigateurs en solitaire? « Un navigateur doit être capable de rompre avec un cycle de sommeil complet polyphasique (sommeil léger, très léger, profond et paradoxal avec des remontées identiques) qui se répète 4 à 6 fois dans la nuit » explique Jean-Yves Chauve.

Faire des sommeils « parking »

La vigilance permanente impose de faire des sommeils « parking » : saisir la porte d’entrée du sommeil et s’endormir immédiatement pour 1 heure 30, le temps d’un sommeil profond récupérateur pour le corps. Pour acquérir cette capacité, le skipper doit (re)connaître la rythmicité de son sommeil, qu’il fait analyser dans un centre spécialisé : le but étant de repérer la chronologie de ses instants propices au « premier sommeil ».

Heureusement, les cycles courts sont facilités par l’inconfort de l’environnement en mer et la caractéristique génétique des skippers à être souvent des « petits dormeurs »

Manger au bon moment

Manger juste avant de s’endormir, pour que son alimentation profite à sa récupération physique et non pas à sa dépense énergétique, est aussi une clé. Comme d’éviter de se nourrir d’aliments trop riches en sucre, qui induisent des somnolences.

Veiller sur son psychisme

Autre difficulté pour les skippers : s’adapter au manque de sommeil paradoxal qui « nettoie » le psychisme par l’émergence des rêves. Même si elle n’autorise pas toujours le sommeil, l’activité sur un voilier en solo permet au skipper de s’octroyer des « parenthèses émotionnelles » comme regarder un film, se préparer un bon repas, rêvasser, méditer en apaisant son système nerveux autonome et en diminuant les effets délétères du stress sur son psychisme.

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L’avis de Jérémie Beyou

Arrivé troisième au Vendée Globe 2016-2017

« Pour pouvoir dormir sous forme de siestes (moins de 2 heures), je m’entraîne quasiment toute l’année en faisant des régates qui créent les conditions nécessaires à ce type de sommeil. En compétition, je mange très peu car cet état physiologique me permet d’aiguiser et de conserver une vigilance optimale et instinctive. Enfin, pour tomber rapidement dans le sommeil, un conseil : changez de vêtements – même votre transpiration crée un changement de température qui empêche de s’endormir – retirez vos chaussures et trouvez la position même inconfortable qui vous convient le mieux! »

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