Donner une seconde vie à sa vieille tenue hospitalière !

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L’empreinte écologique des soins n’étant pas toujours où l’on croit, Gabin Momal a décidé de s’attaquer… aux tote bags. Ce jeune ophtalmo lillois remplace les sacs distribués en congrès ou en formation, souvent made in les antipodes, par des « Bloc bags » fabriqués avec des tenues hospitalières usagées.

Donner une seconde vie à sa vieille tenue hospitalière !

© DR.

What's up Doc : Tu es le créateur du « Bloc bag », peux-tu nous expliquer ce que c’est ?
Gabin Momal :
Un Bloc bag, c’est un tote bag fabriqué à partir de tenues hospitalières qui sont jetées. Attention, on ne parle pas des tenues jetables, mais des tenues réutilisables, qui au bout d’un certain nombre de lavages sont abimées ou déchirées. Je me suis en effet rendu compte que ces tote bags, qu’on nous donne en de multiples occasions quand on est soignant, sont fabriqués avec du coton vierge, et ont donc un très mauvais impact en termes
de consommation d’eau, d’émissions de CO2,
sans parler des conditions de travail de ceux qui les fabriquent. L’idée est donc d’utiliser ce textile qui est jeté, de revaloriser un déchet hospitalier, et de faire tout cela localement.

Concrètement, comment est-ce que cela marche ?
GM. :
Pour l’instant, on récupère les tenues à la blanchisserie du CHU de Lille et du CH de Boulogne-sur-Mer, où je travaille. On les trie, et on les envoie dans un atelier de Charleville-Mézières qui fait travailler des personnes en difficulté. Les sacs sont ensuite amenés chez un sérigraphiste à Lille. Pour l’instant, nous avons livré à peu près 400 sacs, et nous en avons environ 800 qui sont déjà commandés ou en discussion.

Qui sont les personnes qui commandent ces sacs ?
GM. :
Ce sont des établissements, des organisateurs d’évènements, des laboratoires…. La première commande, par exemple, est venue du CHU de Lille, lors de la semaine du développement durable. L’ARS des Hauts-de-France en a aussi offert aux nouveaux internes en médecine et en pharmacie d’Amiens…

L’initiative est intéressante, mais n’est-elle pas un peu symbolique en comparaison de l’ensemble de l’empreinte écologique hospitalière ?
GM. : Ce n’est pas si symbolique, car la production d’un tote bag requiert tout de même entre 600 et 2000 litres d’eau. Mais c’est vrai qu’il s’agit aussi de faire réfléchir les gens, de les inspirer. On ne s’en rend pas toujours compte, mais le secteur de la santé est le deuxième producteur de déchets, il émet énormément de CO2, il est très dépendant d’un matériel qui vient beaucoup des pays asiatiques… Il est donc important de réutiliser ce qui peut l’être.
 

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Penses-tu qu’on assiste actuellement à une prise de conscience des soignants sur ces sujets ?
GM. : Oui. Avant, quand on posait ces questions, on était pris pour un extraterrestre. Aujourd'hui, je constate que les médecins, les infirmiers, les acheteurs commencent à bouger. Mais cela reste compliqué. On veut sortir de l’usage unique, par exemple, mais il n’est bien entendu pas question de prendre des risques infectieux pour cela. De même, si on veut acheter 100 % français, c’est plus cher, et on se heurte vite aux limites budgétaires. C’est donc un
changement qui ne se fera pas en six mois ou un an…

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