Des minutes de silence hebdomadaires pour dénoncer "la mort annoncée de l'hôpital public"

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De Strasbourg à Bordeaux en passant par Marseille, des soignants de plusieurs hôpitaux ont observé une minute de silence vendredi pour alerter sur "la mort annoncée de l'hôpital public", dénonçant leurs conditions de travail et le manque de moyens avant un week-end qui a été des plus chargés.

Des minutes de silence hebdomadaires pour dénoncer "la mort annoncée de l'hôpital public"

A 14H00 ce vendredi 7 janvier, ils étaient environ 300 personnes, regroupées dans le froid, en blouses blanches à l'entrée du Nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg. Pas un mot, immobiles, le regard sombre, c’était déjà le 3ème regroupement pour dénoncer silencieusement leur épuisement et leur ras le bol.

"Nous sommes là aujourd'hui car nous voulons continuer à soigner nos patients malgré l'épuisement, malgré la fermeture des lits, malgré les restrictions budgétaires, (...) mais nous n'y arrivons plus" a déclaré au préalable, au micro, le Dr Sébastien Harscoat, médecin aux urgences et au Samu de Strasbourg.

"L'hôpital public se meurt. (....) Sa tête et son corps lâchent, il va tout simplement disparaître", a-t-il ajouté. Des hospitaliers à bout alors que la pandémie flambe comme jamais.

Ce rassemblement sous forme de minute de silence sans aucune banderole a été suivi la première fois le 10 décembre aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, jour d'une visite du Premier ministre Jean Castex. Il a ensuite été reconduit dans d'autres hôpitaux alsaciens et s’est tenu vendredi dans une quinzaine de villes en France, selon une liste énumérée par le Dr Harscoat.

Des rassemblements silencieux à Strasbourg, Bordeaux, Marseille...

A Bordeaux, environ 90 soignants se sont regroupés en début d'après-midi devant un bâtiment de l'hôpital Pellegrin.

"Partout en France, on a passé le cap du moment où on soigne les gens moins bien, voire où on ne les soigne plus", a dénoncé le Dr Pierre Catoire, médecin aux urgences.

"On dépasse parfois les vingt patients qui sont dans des couloirs à attendre qu'un médecin puisse les atteindre pour savoir au moins s'ils sont dans un état grave ou pas", a-t-il ajouté.

Selon lui, si la situation est empirée par l'épidémie de Covid-19, elle ne fait que "montre(r) les conséquences des choix faits depuis 20 ans". "Ce qu'on voit ici serait arrivé, Covid ou non." D’ailleurs le burnout des médecins n’a pas attendu la pandémie.

A Marseille, une dizaine de soignants ont également observé cette minute de silence devant l'hôpital de la Timone.

"C'est une mort programmée de l'hôpital public, on fait tout pour nous couler, on ne nous donne pas les moyens de travailler", a dénoncé auprès de l’AFP Aline Tranvouez, aide-soignante en endocrinologie et référente de la mobilisation pour Marseille.

Une nouvelle minute de silence des soignants des hôpitaux publics est de nouveau prévue vendredi prochain à 14H00.

Le mouvement va-t-il prendre de l’ampleur ?
 

Avec AFP

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