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« Une situation hautement fragile ». Alexandre Grenier, directeur de l’URPS Médecins libéraux d’Ile-de-France décrit ainsi l’état de la démographie médicale de sa région en ce début 2021. Les derniers chiffres publiés à la mi-décembre sont inquiétants. Le déficit en médecins franciliens s’est creusé de presque 500 professionnels ces 18 derniers mois : 1767 médecins ont cessé d’y exercer, tandis que seulement 1288 nouveaux praticiens s’y installaient. Les spécialistes (249 médecins non remplacés) manquent autant que les omnipraticiens (230 généralistes non remplacés). Le Val d’Oise est le département le plus touché et les spécialités suivantes sont les plus sinistrées : dermatologie, ophtalmologie, rhumatologie et ORL. Les perspectives sont assez sombres, si l’on se réfère à la pyramide des âges, avec 48% des médecins en activité âgés de plus de 60 ans.
Une baisse d’attractivité préoccupante
En 2018, l’ARS avait revu le zonage (la prochaine actualisation est attendue pour mars 2021) et avait déjà constaté une dégradation de la situation, avec 75% du territoire passé en « zone d’action complémentaire », en clair des territoires déficitaires en offre de soins. « Est-ce que nous avons relevé le défi depuis ? Non, sinon nous ne parlerions plus de ce sujet. La région est toujours dans une situation hautement fragile et qui tend à se dégrader encore plus », regrette le directeur de l’URPS Médecins Ile-de-France.
Pour tenter d’y remédier en partie, Valérie Pécresse, présidente de la région, avait annoncé en 2018 la création de 100 maisons de santé pluridisciplinaires d’ici 2022. De fait, la région dénombre plus de 200 structures de ce type aujourd’hui (cartographie de la Fédération et Pôles de santé en Ile de France) et deux tiers des jeunes médecins ont une nette préférence pour s’installer dans ce type de structure, en exercice interprofessionnel et non pas isolé. Mais ce n’est qu’une partie de la réponse. Le critère immobilier est déterminant.
167 projets financés en 3 ans
« Il est vrai que l’Ile-de-France est une région plus chère et moins confortable sur le plan immobilier. Nous avons un gros défi à relever sur les conditions d’exercice : offrir des cabinets bien conçus, aux normes et agréables. Or aujourd’hui, tout cela n’est pas encore acquis », reconnaît Alexandre Grenier. L’URPS a mis en place différentes actions pour tenter de répondre au mieux aux besoins des médecins en passe de s’installer. Pour ceux qui ont des projets d’achat de cabinet ou de construction d’un groupe médical, l’aide à l’investissement est capitale. « Le critère décisif pour qu’un médecin décide de s’installer en Ile-de-France est de disposer d’une surface immobilière à des tarifs raisonnables. Dans les trois prochaines années, nous allons travailler sur toutes les options possibles en matière d’aménagement du territoire pour y parvenir », souligne Alexandre Grenier. Au cours des trois dernières années, 167 projets ont été financés par l’ARS, en lien avec l’URPS, permettant la création de 45 000 m2 de surface de soins en Ile-de-France, majoritairement des primo-installants, pour un investissement total de 31 millions d’euros.
Pour les médecins qui recherchent une assistance administrative, les permanences locales d’aide à l’installation sont une ressource précieuse. En 2020, 216 médecins ont été reçus dans ces permanences, dont 57% de généralistes.
Par ailleurs, le statut d’adjoint en médecine, qui permet depuis 2019 aux futurs docteurs en médecine d’exercer en zone prioritaire avant même d’avoir validé leur thèse, est un dispositif sur lequel misent les autorités sanitaires régionales afin d’augmenter l’offre de soins.
« Nous avons formé plus de 6 000 internes en médecine générale ces dix dernières années. La question est maintenant de les fidéliser dans notre région », souligne le président de l’URPS.
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Pour en savoir plus :
- https://www.urps-med-idf.org/ile-de-france-moins-479-medecins-en-18-mois/
-https://www.soignereniledefrance.org/ : plateforme d’annonces de remplacement ou d’installation.