Classement des CHU : « Je connais nos défauts, je n’ai jamais pensé qu’Amiens pourrait être premier, mais nous ne resterons pas les derniers… »

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Amiens est arrivé dernier de notre classement des CHU. Gabriel Choukroun, le doyen du CHU, nous commente ce résultat. Lucide sur son CHU, il en rappelle les attraits, mais aussi les failles, et a bien l’intention d’essayer de remonter la pente dans les années à venir.

 

Classement des CHU : « Je connais nos défauts, je n’ai jamais pensé qu’Amiens pourrait être premier, mais nous ne resterons pas les derniers… »

© IStock 

Le CHU d’Amiens a perdu deux places, et est à présent dernier, comment expliquez-vous cela ?

Cela a toujours été comme cela. Premièrement entre Nice, Nantes, Bordeaux et Amiens le choix ne se tourne pas spontanément vers Amiens. Deuxièmement le CHU n’a pas une taille qui permet d’attirer des internes et la ville n’est pas très attractive pour les jeunes.

Nous sommes coincés entre Paris, Lille, et Rouen. De plus il y a clairement un déficit d’attractivité du CHU lui-même. On a quand même quelques spécialités attractives, d’après votre classement, comme la gynéco-med et la néphrologie, qui sont au-dessus de la moyenne nationale. D’autres sont loin : la neurologie et la médecine interne qui devraient être attractives et qui ne le sont manifestement pas. Il y a probablement un ressenti qui n’est pas à la mesure de la réalité.

De plus il faut reconnaître qu’Amiens est une université où la majorité des étudiants souhaitent faire de la médecine générale. C’est très bien en soi, car la région en a besoin. Mais de ce fait, beaucoup n’ont pas une haute prétention aux classements au ECNI, et font moins d’effort que les Parisiens ou les futurs chirurgiens plastique ou cardiologues.

Le CHU a quand-même des points forts non ?

Nous avons un CHU reconstruit. Un outil moderne, bien équipé. En réanimation et cardiologie nous avons un très bon matériel, très récent. Les locaux sont très agréables pour travailler, mais aussi pour les patients car tout est neuf. Nous avons des spécialités où mes collègues sont des références nationales, en cardiologie, en orthopédie, nous n'avons pas à rougir par rapport à nos collègues. Même en termes de recherche en gastro-hépatologie par exemple nous sommes bons.

D’autre part, nous essayons d’octroyer une bourse à tous les dossiers qui ont un niveau correct. Nous facilitons les inter-chu. Nous sommes plutôt aidants vis-à-vis des internes.

Et donc sur quoi voulez-vous progresser ?

Je pense qu’il y a du vrai dans ce classement. Certaines spécialités n’ont pas le niveau espéré. Il faut que certains collègues fassent l’effort d’être plus attractifs, plus proches des internes, pour les former, proposer plus d’enseignements théoriques, de cours, de séminaires. C’est ce que demandent les internes.

J’aimerais que nous soyons au minimum à la moyenne nationale et au-dessus pour certaines spécialités.

Sur quoi allez-vous mettre l’accent l’année prochaine ?

Nous allons mettre l’accent sur la communication et essayer d’améliorer ces points.

Avez-vous des postes d’internes non pourvus pour cette année ?

Nous en avons quelques-uns en particulier en santé publique, en médecine du travail et en psychiatrie. Cela va poser problème en psychiatrie. Mais pour les autres spécialités, nous avons fait le plein.

Vos internes sont-ils en général issus de la région ?

Nous en avons à-peu-près à 55 % d’Amiens et 45 % d’ailleurs.  Notre problème c’est que soit ils se plaisent dans la région, et c’est très bien, soit ils n’ont qu’une hâte, rentrer chez eux. Sur les 245 internes, on en perd. Cela creuse un déficit en-terme de démographie médicale. Si nous formons les étudiants d’Amiens, nous avons plus de chance de voir ces internes s’installer dans la région.

Pensez-vous que la ville a un rôle à jouer ?

Évidemment ! Au niveau des transports, nous attendons un TGV depuis au moins 20 ans. C’est important pour aller voir la famille éloignée. Il y a eu des efforts sur les logements. Il faut que sur le plan social les gens aient envie d’être là. Il n’y a qu’une salle de spectacle, il n’y a pas de grosse administration…

 

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