En 2018, ils étaient 367 médecins à exercer dans les jungles hospitalières suisses. Cette même année, le Canada a lancé une vaste campagne de recrutement auprès de praticiens français tentés par un exercice outre Atlantique. Près d’un médecin sur cinq envisage en effet de quitter la France pour exercer à l’étranger. Parmi les destinations les plus prisées : la Belgique. Selon l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques), plus de 30 % des médecins formés en France et exerçant à l’étranger y travailleraient. À plus ou moins grande mesure, les pays étrangers séduisent les jeunes praticiens qui n’hésitent pas à voguer vers d’autres horizons. Pour le Comité permanent des médecins européens (CPME), il s’agit principalement « d’une population relativement jeune, ayant réalisé une partie son cursus hospitalo-universitaire au Royaume-Uni, aux États-Unis ou au Canada, mais aussi dans des pays limitrophes comme la Suisse ou l’Espagne, au cours d’une ou deux années de mobilité ».
Quid des démarches à entreprendre ?
Quel que soit le pays retenu, il est obligatoire d’entreprendre un minimum de démarches pour exercer à l’étranger. Demande de reconnaissances ou d’homologation du diplôme, d’autorisation d’exercer et de visa… Le nombre de formalités à réaliser dépend de la destination.
Au Luxembourg par exemple, « la demande de reconnaissance d’un diplôme français doit se faire par écrit auprès du Service de la Reconnaissance des Diplômes du Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle », précise le Centre hospitalier Émile Mayrisch. La reconnaissance devient ensuite formelle soit par inscription au registre des titres de formation, soit par homologation. La demande d’autorisation d'exercer se fait auprès du Ministère de la Santé du Grand-Duché de Luxembourg. Enfin une demande d’autorisation de séjour doit être adressée à la Direction de l’Immigration du Ministère des Affaires étrangères avant l’installation.
Pour exercer en Belgique, il convient de se rapprocher de la Fédération Wallonie-Bruxelles (appellation de la Communauté française de Belgique), la Communauté flamande ou la Communauté germanophone, selon la région d’installation, pour demander une reconnaissance du diplôme. Dès son acceptation et obtention sous forme d'arrêté ministériel, un visa du SPF Santé Publique est envoyé automatiquement au praticien. Ce dernier peut alors s’inscrire au Tableau de l'Ordre des médecins en s’adressant au Conseil provincial de l'Ordre des médecins du lieu où il exercera. Ce n’est qu’après cette étape que les médecins spécialistes pourront demander la reconnaissance de leur spécialité auprès de leur Communauté (française, flamande ou germanophone).
Au pays du sirop d’érable
Pour favoriser la mobilité professionnelle des médecins entre la France et le Québec et faciliter l’exercice des praticiens français au Québec, le 27 novembre 2009, le ministère de la Santé, le Conseil national de l’Ordre des médecins et le Collège des médecins du Québec (CMQ) ont signé un Arrangement de reconnaissance mutuelle. En pratique, peuvent en bénéficier, les médecins :
- titulaires d'un diplôme d’État de docteur en médecine délivré par une faculté établie et dispensant sa formation en France ;
- ayant complété une formation postdoctorale en médecine générale ou dans l’une des spécialités prévues à l’entente dans un établissement universitaire français ;
- titulaires d’un titre de formation en médecine générale, ou dans l’une des spécialités prévues à l’entente, délivré par une université française ;
- inscrits au tableau de l’Ordre des médecins en France en qualité de médecin généraliste ou spécialiste sans restriction ni limitation d’exercice.
Dès lors que ces conditions sont remplies, le médecin peut alors effectuer une demande de permis dit restrictif, délivré par le Collège des médecins du Québec (CMQ), qui lui permettra d’exercer uniquement en établissement. Ses restrictions portent sur trois aspects : le lieu de pratique, les actes professionnels autorisés ainsi que la durée (1 an renouvelable).
Dans un premier temps, un compte personnel doit être ouvert en ligne avant de soumettre une demande d’inscription médicale pour obtenir un permis restrictif (préciser « Arrangement de reconnaissance mutuelle entre le Québec et la France) et de fournir les documents requis.
A savoir que le candidat devra avoir exercé dans le champ d’activités médicales visé par le permis restrictif demandé pendant douze mois, au cours des deux dernières années précédant sa demande, réussi un stage d’adaptation à caractère évaluatif et participé à une activité de formation ALDO-Québec dans un délai maximal d’un an suivant sa demande de permis. Pas si simple d’être autorisé à exercer dans le pays du sirop d’érable !
Exercer en Suisse ? Pourquoi pas ! S'installer en Suisse dans la clinique de Genolier, c'est le pari de Jean-Denis Patet, neurochirurgien, et Jean-Michel Zabot, chirurgien vasculaire. Ils ne regrettent pas : meilleur équipement, adaptabilité du temps de travail, confort de vie... Pourquoi un médecin français s’installerait en Suisse ? Le dirigeant du groupe Genolier pointe en premier lieu la qualité des infrastructures avec des équipements à la pointe de l'innovation. Ensuite, les établissements sont à taille humaine. Dans le groupe Genolier, la taille des structures varie de 20 à 130 lits au maximum. Enfin, la qualité de vie est particulièrement agréable en Suisse : de bons salaires, un système politique stable, un chômage faible, le climat, les lacs… Cela fait rêver ! Quelles compétences faut-il avoir ? Rester humble. C'est le conseil de Jean-Michel Zabot. « Il ne faut pas arriver en ayant l'impression que vous avez inventé la chirurgie à vous tout seul ! ». Ensuite, il s'agit d'être un bon professionnel. L'expérience et la spécialité peuvent être déterminants quant à la réussite à l'étranger. La différence principale entre l'exercice en Suisse et en France repose sur le résultat et l'implication. Recrutement : mode d’emploi Le rêve suisse pourquoi pas ! Mais comment candidater ? Pour exercer dans l’une des cliniques du groupe Genolier, Blaise Zambaz explique comment se faire connaître. « Il y a plusieurs possibilités : prendre contact avec le directeur de l'établissement convoité avec un petit mot d'introduction et un CV par e-mail, ou par téléphone ». Un petit conseil : comme le rappelle Blaise Zambaz, les diplômes de spécialités médicales ne sont pas forcément les mêmes en Suisse, « les terminologies des DES ou DESCQ peuvent être différentes par exemple, et il n’existe pas vraiment de correspondance aux DU français en Suisse ». Donc, il convient de se renseigner. À compter du premier contact, Blaise Zambaz estime qu'une année est nécessaire pour permettre l'installation. Exercer en Suisse Pour exercer en Suisse, un médecin français doit avoir une reconnaissance de son diplôme : la reconnaissance MEBEKO délivrée par l’Office fédéral de la santé publique. En plus de la reconnaissance du diplôme, il faut faire reconnaître ses formations approfondies auprès de la FMH (Fédération des médecins suisses). Quelles sont les principales difficultés ? Attention aux équivalences de diplômes ! Il faut obligatoirement un diplôme européen. Certaines spécialités ne sont pas reconnues. Par exemple, la Suisse ne reconnaît que la « chirurgie cardiaque, thoracique et vasculaire », et non la « chirurgie vasculaire ». Le coût de la vie est de 20 à 30 % plus élevé qu'en France. La promesse Suisse : le cadre de travail Le luxe de travailler en suisse, c'est de pouvoir adapter son emploi du temps professionnel à ses exigences. Dans le privé les horaires sont très flexibles, sans doute encore plus qu’en France. Chacun adapte sa semaine comme il l'entend. Et d'ailleurs c'est moins la rémunération que la flexibilité et l'adaptabilité des cliniques suisses qui est mise en avant. |