De retour de sa quatrième mission en mer, le Dr Julien Pontis, médecin sous-marinier, se souvient de ses interventions les plus difficiles.
WUD: Quels sont vos souvenirs les plus marquants ?
Lors de ma première mission, nous avons dû prendre en charge un patient avec un hygroma du coude. Il s'était aggravé à tout le bras et nous n'avons pas pu nous contenter d'une ponction. Nous n'avons pas eu d'autre choix que de l'opérer. Cela a nécessité une anesthésie générale, qui, sous l'eau, a pris des proportions beaucoup plus importantes qu'en situation normale ! J'ai dû faire l'anesthésie moi-même, avec l'aide de l'infirmier anesthésiste, puis j'ai dû aller me relaver les mains pour opérer. Heureusement, tout s'est très bien passé et nous avons pu soigner l'infection.
Lors d'une autre mission, nous avons également connu une situation très difficile. Un jeune de 20 ans, dont c'était la première navigation sur sous-marin, a décompensé une pathologie psychiatrique lourde sous l'eau, une schizophrénie. Au début, on l'a traité et on a essayé de lui faire garder un rythme de vie à bord proche de la normale. Mais cela s'est très vite révélé impossible. Nous avons donc été obligés de l'hospitaliser une vingtaine de jours à l'infirmerie. Cela lui a servi de cocon de protection et on a réussi à gérer ses angoisses en le gardant avec nous. Pour mes infirmiers et moi, cette expérience a été épuisante et très difficile à vivre. Elle a aussi beaucoup marqué l'équipage, qui ne comprenait pas que nous devions garder ce jeune homme avec nous. Il fallait réussir à ménager le secret professionnel, ce qui est très compliqué dans un espace clos où tout le monde se connaît...
Source:
Anne-Gaelle Moulun"