Services de pédiatrie d’Île-de-France : les internes manquent à l'appel

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Au total, 168 postes d’internes de médecine générale ne sont pas pourvus pour le prochain semestre dans les services de pédiatrie d’Île-de-France. Les chefs des services de pédiatrie franciliens craignent une crise sanitaire.

Services de pédiatrie d’Île-de-France : les internes manquent à l'appel

Décidément le mot « crise » n’a jamais été autant dans l’air du temps dans le joli petit monde déliquescent de la santé. Alors que la crise touche à sa fin à Mulhouse, une autre crise est en train de couver en d’Île-de-France
 
Qu’en est-il exactement ? Au total, ce sont 168 postes d’internes de médecine générale qui ne sont pas pourvus pour le prochain semestre dans les services de pédiatrie d’Île-de-France. Seuls 159 postes sur 327 ouverts (49 %) au choix (contre 204 lors du semestre d’hiver 2018) ont été pourvus, alors que le semestre d’hiver est le plus chargé en raison des épidémies hivernales (bronchiolites, grippes, gastro-entérites…).

Crise sanitaire

Une situation inédite qui pourrait déboucher sur une « crise sanitaire », alertent les chefs des services de pédiatrie d’Île-de-France dans un communiqué daté du 16 octobre. Selon eux, la répartition des internes en médecine générale dans les différents services de pédiatrie de la région s’est faite « sans tenir compte des besoins des hôpitaux, notamment ceux les plus éloignés du centre de Paris », à la suite d’ouvertures de postes « décidées sans concertation avec les représentants des services de pédiatrie d’Île-de-France ».
 
Conséquence directe : nombre de services de pédiatrie se retrouvent « sans aucun interne de médecine générale ou avec un effectif tellement réduit qu’il leur sera impossible d’assurer leurs principales missions : hospitalisation, consultations et accueil des urgences… », met en garde le communiqué qui avertit que plusieurs services ne seront pas en mesure d’assurer l’accueil des urgences pédiatriques 24h/24 à partir du 4 novembre.
 
En effet, les chefs des services de pédiatrie rappellent que la présence d’internes est « indispensable » au fonctionnement de services qui sont déjà pénalisés par le manque de pédiatres, en raison d'« une démographie défavorable » et du « manque d’attractivité des carrières hospitalières ».

La faute à la réforme de la R3C ? 

D’un point de vue global, c’est aussi en partie en raison de la réforme de la R3C que les internes en médecine générale désertent de plus en plus les terrains de stage traditionnels en CH et CHU, pour s’investir (par obligation) dans des stages ambulatoires, comme nous vous l’expliquions dans cet article.
 
Pour Pierre Guillet, vice-président de l’Isnar-IMG, la baisse du nombre d’internes en médecine générale dans les CHU et CH est structurelle, « du fait de la mise en place de DES en gériatrie et urgences, il y aura moins d’internes en MG. Qui plus est, le stage SASPAS, en ambulatoire, autrefois optionnel, devient obligatoire. Et il y aura aussi plus de formation en ambulatoire, notamment en ce qui concerne la santé de la femme et de l’enfant. »
 
Pour tenter de sortir de cette impasse, une cellule de crise s’est tenue dans la soirée du 14 octobre à l’ARS Île-de-France, en présence des chefs des services de pédiatrie d’Île-de-France, des représentants de la FHF, de la conférence des doyens, des syndicats d’internes de médecine générale et de la coordination du DES de médecine générale et du DES de pédiatrie. Une réunion durant laquelle le directeur général de l’ARS Île-de-France a reconnu un « plantage », se déclarant incapable de modifier cette répartition pour des raisons juridiques (!).

Trouver une solution rapide

C’est la raison pour laquelle les chefs des services de pédiatrie franciliens alertent les autorités de santé sur la « catastrophe annoncée », tout en demandant que « les internes de médecine générale soient répartis dès le mois de novembre en tenant compte des besoins en termes d’organisation des soins et de leur nécessité de formation en pédiatrie ».
 
Et d’appeler à la responsabilité du gouvernement et en particulier à Agnès Buzyn, « afin de trouver une solution rapide à cette crise sans précédent ». Une crise de plus à gérer pour la ministre de la Santé qui a décidemment du pain sur... une planche de plus en plus glissante…
 
 

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