On sait (enfin) pourquoi les femmes sont moins touchées par le parkinson que les hommes

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Les femmes sont largement moins touchées que les hommes par la maladie de Parkinson. Une étude française vient d’essayer d’en comprendre les raisons. Les oestrogènes seraient (en partie) l’explication.

On sait (enfin) pourquoi les femmes sont moins touchées par le parkinson que les hommes

© IStock 

Entre hommes et femmes, Parkinson n’a pas exactement le même visage. Pour les femmes, moins nombreuses à être atteintes, la pathologie semble influencée par des facteurs qui vont de l’âge de la ménopause au nombre de grossesses. Mais on ignore comment ils agissent concrètement.

« Cette maladie a été assez peu spécifiquement étudiée chez les femmes, parce qu’elle est plus présente chez les hommes », résume auprès de l’AFP l’épidémiologiste Marianne Canonico, à la tête d’une étude tout juste publiée sur les facteurs de risques féminins de la maladie de Parkinson. Car le sexe joue incontestablement un rôle : dans la fréquence de cette pathologie, qui affecte peu à peu la capacité de mouvements et constitue la deuxième maladie neurodégénérative après celle d’Alzheimer, et dans la manière dont elle se manifeste.

« Le risque de développer une maladie de Parkinson est deux fois plus élevé chez les hommes, mais la mortalité est plus élevée chez les femmes et la maladie y progresse plus vite », notait en 2019 un résumé paru dans le Journal of Parkinson’s Disease. « De plus, les symptômes (…) varient entre les hommes et les femmes », poursuivent les auteurs. Les chutes sont, ainsi, plus fréquentes chez les femmes, tandis que les hommes tendent plus souvent à saliver de manière excessive ou à voir leur marche interrompue par un blocage des jambes.

Pourquoi de telles différences ? On l’ignore largement et, à ce stade, les chercheurs en sont encore à circonscrire quels facteurs de risque affectent spécifiquement les femmes. C’est l’objet de l’étude chapeautée par Marianne Canonico pour l’Inserm et publiée dans Brain, l’une des revues neurologiques de référence. Elle marque une avancée importante car elle est d’une ampleur sans précédent en matière de nombre de personnes étudiées, comme de période couverte.

L’étude se base en effet sur des données recueillies depuis une trentaine d’années sur quelque 100 000 Françaises. Au fil du temps, diverses maladies émergent, ce qui permet aux chercheurs de croiser leur apparition avec d’autres facteurs.

Le risque est également plus important pour celles dont les règles sont apparues plus tôt ou plus tard que la moyenne

Ici, l’étude conclut que la maladie de Parkinson est plus fréquente chez les femmes dont la ménopause a été déclenchée artificiellement, en particulier avant 45 ans, et celles qui ont eu plusieurs enfants. Le risque est également plus important pour celles dont les règles sont apparues plus tôt ou plus tard que la moyenne, celle-ci s’établissant autour de 12-13 ans. Il ne s’agit en aucun cas de s’affoler si l’on fait partie de l’une ou plusieurs de ces catégories. Les risques sont légèrement supérieurs mais ont peu de chance de changer la donne sur le plan individuel. «Ca ne multiplie pas par quatre ou cinq le risque : ce n’est pas l’effet du tabac sur le cancer du poumon ! », souligne Marianne Canonico.

L’intérêt d’une telle étude est plutôt « de comprendre les mécanismes qui peuvent être impliqués dans la maladie de Parkinson chez les femmes », explique-t-elle. Ainsi, l’étude va en partie dans le sens de l’une des principales hypothèses avancées pour expliquer la moindre fréquence de la maladie chez les femmes : les oestrogènes, les principales hormones féminines, joueraient un rôle protecteur contre la maladie.

Cela expliquerait par exemple qu’une ménopause précoce augmente le risque. Chez les femmes concernées, en effet, la production d’oestrogènes s’interrompt plus tôt que la moyenne. Réciproquement, quand la puberté est plus tardive que la moyenne, la production commence plus tard. Mais l’hypothèse ne colle pas parfaitement non plus avec les résultats de l’étude. Pourquoi la maladie est-elle plus fréquente après des grossesses multiples, alors même que le taux d’oestrogènes augmente quand on est enceinte ? 

Le débat reste donc largement ouvert, mais ce travail permet de mieux orienter les recherches à venir, dans l’espoir de développer un jour des traitements efficaces de la maladie de Parkinson.

« Si les oestrogènes sont vraiment impliqués, on peut imaginer qu’on puisse étudier plus précisément leur effet sur les mécanismes cérébraux qui entrent en oeuvre dans la maladie de Parkinson », conclut l’épidémiologiste de l’Inserm, insistant toutefois sur la nécessité de mener d’autres études.

Par contraste avec la plus fréquente, celle d’Alzheimer, la maladie de Parkinson ne provoque pas forcément de démence

La maladie de Parkinson est, avec celle d’Alzheimer, l’une des principales pathologies à frapper le cerveau. Mais on ignore encore largement ce qui provoque ce mal insidieux au fil duquel le patient perd peu à peu ses capacités de mouvement.

« Plus de dix millions de personnes vivent avec la maladie de Parkinson à travers le monde », résume la Fondation Parkinson, l’une des principales organisations américaines dédiées à la lutte contre la maladie. En Belgique, près de 40 000 personnes seraient concernées. Cela en fait l’une des principales maladies neurodégénératives, ces pathologies qui affectent peu à peu le fonctionnement des neurones jusqu’à devenir extrêmement invalidantes.

Par contraste avec la plus fréquente, celle d’Alzheimer, la maladie de Parkinson ne provoque pas forcément de démence, bien que de tels effets puissent exister. La maladie, qui frappe plutôt les hommes et dans une écrasante majorité les personnes de plus de 50 ans, affecte en premier lieu les mouvements. Les trois grands symptômes sont des tremblements, une rigidité des muscles et une difficulté à entamer un geste. 

Mais « tous ces signes ne sont pas présents en même temps et n’ont pas forcément la même intensité », résume l’organisme français de recherche Inserm. « A mesure de leur progression, les troubles moteurs réduisent l’autonomie, la vie relationnelle et professionnelle, et la qualité de vie du patient. » Au fil d’une évolution de plusieurs années, le patient perd en effet peu à peu une large partie de sa capacité à bouger et peut, au stade final, devoir rester alité ou vivre en chaise roulante.

Auparavant, toutefois, « le diagnostic de la maladie de Parkinson est délicat car les symptômes apparaissent insidieusement et aucun n’est réellement spécifique ou systématiquement présent », souligne l’Inserm. A ce titre, les spécialistes rappellent régulièrement que la maladie est loin de se résumer aux tremblements, le symptôme le plus connu par le grand public.

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Qu’est-ce qui provoque cette maladie ? On sait qu’elle est liée à la disparition progressive des neurones générant la dopamine, un neurotransmetteur. Cette dégénérescence se fait insidieusement et quand les symptômes apparaissent, les neurones concernés ont déjà largement été frappés. Les traitements existants se concentrent donc sur la dopamine. Le plus courant, la L-dopa, stimule la production de celle-ci dans le cerveau. Mais il présente d’importants effets indésirables, avec des mouvements incontrôlés, et il n’interrompt pas la maladie.

Si celle-ci est difficile à traiter, c’est non seulement qu’elle est dure à identifier à temps, mais aussi que l’on ignore les causes premières de la dégénérescence des neurones à dopamine. Beaucoup de chercheurs soupçonnent que le déclencheur de la maladie n’est pas à chercher dans le cerveau, mais d’autres parties du corps comme l’intestin ou le nez. L’incertitude demeure néanmoins.

On sait, en tout cas, que la maladie n’a qu’une faible composante génétique : seuls 15% des malades ont des antécédents familiaux, selon l’Inserm. Parmi les facteurs de risques, un lien a été clairement établi avec l’exposition à certains pesticides.

Avec AFP

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