Rougeole & co : les académiciens s’inquiètent de la vaccination des professionnels de santé

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Les médecins doivent-ils se faire vacciner ? L’Académie nationale de pharmacie (ANP) répond OUI et publie un rapport qui encourage le renforcement de l’obligation vaccinale des professionnels de santé.

Rougeole & co : les académiciens s’inquiètent de la vaccination des professionnels de santé

Les médecins sont aussi des êtres humains. À ce titre, ils peuvent contracter ou transmettre des maladies à leurs patients. Pour limiter ces risques, L’ANP publie un rapport qui préconise aux professionnels de santé de se faire vacciner « par devoir ou pour montrer l’exemple ». Un malheur était déjà arrivé à la Réunion, où deux médecins non-vaccinés à la rougeole avaient contaminé six patients.

Avec la recrudescence soudaine de la rougeole dans de nombreuses régions du monde, y compris en France, l’ANP pose la question à deux millions d’euros : « Comment ces professionnels peuvent-ils recommander à leurs patients de se faire vacciner si, eux-mêmes, ne l’ont pas fait ? ». En somme, l’ANP souhaite renforcer l’obligation de vaccination de l’article L3111-4 du Code de la Santé, qui obligeait déjà les professionnels de santé à être vaccinés contre l'hépatite B, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la grippe.

Le strict minimum = risque maximum

Le rapport de l’ANP relaie une enquête [1] sur le taux de vaccinations chez les professionnels. Elle donne envie de se jeter dans une piscine remplie de vaccins. En France, concernant les vaccins non obligatoires, moins de 50 % d’entre eux ne sont pas à jour de leur vaccin contre la rougeole, moins encore pour le rappel de la coqueluche (< 40 %). Pour la varicelle, moins de 30 % des professionnels sont sans immunité connue. Aïe, qui a mal à sa santé publique ? Surtout en sachant que lorsque les professionnels sont malades, cela entraîne une baisse de la productivité (normal) et une « désorganisation  des services qui fonctionnent à flux tendu en période épidémique, alors que les hospitalisations et l’engorgement des établissements de santé sont à leur maximum ». Re-aïe.

Les vaccinations, ces temps-ci, sont de moins en moins populaires dans les foyers, dans la presse mais aussi … dans la santé ? L’ANP avance que « les doutes à l’égard de la sécurité, de l’efficacité et de l’utilité de certains vaccins atteignent une partie non négligeable des professionnels de santé ». Alors, même si leurs taux de vaccinations obligatoires restent bons (au dessus de 90 %), seulement 46 % se seraient fait vacciner contre la grippe saisonnière en 2017 (sans compter les auto-administrations).

À qui le tour pour la piqûre ?

Le rapport propose l’obligation vaccinale contre la rougeole, la coqueluche, la varicelle et la grippe saisonnière. Il ajoute que cette dernière devrait être gérée par une organisation locale et de façon accessible (gratuite et sur des plages d’horaires larges). Ces recommandations se basent sur « les risques d’exposition et de transmission à des populations fragiles » et « le rapport bénéfices/risques individuel et collectif ».

L’ANP termine en incluant la communication et la formation à la liste de possibles leviers d’action pour lutter contre les contaminations de patients par les professionnels. Le rapport souligne l’importance d’une « information claire et rigoureuse » par des réunions et « de dénoncer et contrer les fausses informations, quelle qu’en soit la source, relayées par les médias et les réseaux sociaux ». 

 

[1] Guthmann JP, Fonteneau L, Ciotti C, Bouvet E, Pellissier G, Lévy-Bruhl D, et al. Couverture vaccinale des soignants travaillant dans les établissements de soins de France. Résultats de l'enquête nationale Vaxisoin, 2009. Bull Epidemiol Hebd 2011;35-36:371-6.

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