Pénuries de médicaments : hausse des signalements de 62 %

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Dans son rapport d’activité 2018, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rapporte une explosion du nombre de signalement de tensions d’approvisionnement et de ruptures de stock de médicaments. Il est en augmentation de 62 % par rapport à 2017, qui était déjà une année record.

Pénuries de médicaments : hausse des signalements de 62 %

La pénurie de corticoïdes injectables et oraux qui a secoué le monde médical en 2019 n’est pas un cas isolé. Dans son rapport d’activité 2018, l’ANSM fait état d’une tendance claire : les tensions d’approvisionnement sont en très nette hausse. Pour l’année 2018, elles augmentent de 62 % par rapport à 2017 sur les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur.
 
La nombre de signalements de ruptures de stock et de risques de ruptures a ainsi augmenté de 538 à 871, rapporte l’ANSM. Ils concernent en priorité des médicaments destinés au système cardiovasculaire, au système nerveux et des anti-infectieux généraux à usage systématique. « L’indisponibilité de certains médicaments peut entraîner un problème de santé publique majeur (mise en jeu du pronostic vital – perte de chance importante) », remarque l’agence avec finesse.
 
Dans le détail, près de 100 signalements concernent les sartans, qui ont fait l’objet d’un rappel mondial en raison de malfaçons. Les défauts d’outils de production (15 %), le manque de matières premières (15 %) sont, avec les contrôles non conformes (9 %), désignés comme responsables de ces pénuries. Mais c’est bien une insuffisance de capacité de production et une augmentation du volume de vente qui sont pointées du doigt : elles représentent plus d’un tiers des tensions (35 %).

Les labos à la lanterne

Ce qui ne manquera pas de relancer les soupçons de pénuries plus ou moins organisées par les laboratoires, notamment sur des médicaments peu rentables. France assos santé, l’association de défense des patients, accusent les industriels et les grossistes répartiteurs de mettre en place des stratégies financières privilégiant des pays où les médicaments sont plus rentables.
 
« Il n’est pas admissible que des personnes atteintes de cancers, de Parkinson ou d’épilepsie chronique ne puissent trouver en pharmacie les traitements qui leur ont été prescrits », rappelait Gérard Raymond, son président, le 8 juillet dernier, soulignant le fait que les médicaments ne sont pas des produits de consommation courante. « Leur production et leur distribution ne sauraient répondre à la seule logique de rentabilité financière ».
 

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